« Tho’ much is taken, much abides; and though
We are not now that strength which in old days
Moved earth and heaven; that which we are, we are;
One equal temper of heroic hearts,
Made weak by time and fate, but strong in will
To strive, to seek, to find, and not to yield.» - Tenysson

Nom : Clennam ; Prénom Laïla Elizabeth; Âge : 23 ans; Date de naissance: 20 septembre 2006; Occupation : Apothicaire / spécialiste de la botanique; Pureté de sang Née-moldue; Baguette magique: 13 pouces et un quart, laurier, cheveux de licorne, flexible;

« Vous êtes folle si vous allez vous aventurer dans cette pluie, miss. Vous attraperez votre mort. »
« Je connais bien la pluie. Il a fait si chaud ces derniers-jours, laissez-moi ce plaisir. Je promets de ne pas partir loin. »

Sans plus tarder, Laïla franchit le seuil de la porte et couru à pleine jambée le long des jardins, ne se préoccupant pas de la boue qui lui fouettait les chevilles. Elle gravit les marches en pierre et se rendit au temple de Lakshmi, la déesse de la fortune; elle transpirait, mais la fraîcheur de la pluie qui coulait dans son dos apaisa sa peau.

« Enfin. Pluie. »

Après des journées de chaleur extrême, Amritsar se faisait finalement arrosé et la poussière dorée se transformait en de grandes flaques de boue fine. Ici, la pluie - en dehors de la saison de la mousson - se faisait rare et  propageait la maladie. En Angleterre, la pluie était à l'ordre du jour et était devenue une réalité banale. En Angleterre, quand il pleuvait, surtout dans le Plymouth, l'herbe sentait bon. Ici, la pluie délavait l'odeur des épices et des milliers d'humains entassés.

Assise sur le palier, les pieds nus, Laïla pensa à l'herbe mouillée et s'ennuya de son pays. Cela faisait un peu plus d'un an qu'elle l'avait quitté. En passant la frontière, elle avait laissé derrière elle tout ce qu'elle avait connu et aimé, c'est-à-dire Poudlard, les bibliothèques de l'Université et son cousin, Oswin. Elle avait cru pouvoir s'enfuir de son amertume, de ses regrets, de ses remords, de sa rancune et de sa culpabilité, mais ceux-ci s'étaient accrochés à elle et la suivirent partout. Elada lui avait dit un jour, alors qu'elles traversaient la mer d'Égée, « Tu ne peux pas fuir tes remords, Lala. Il faut que tu les chasses à coup de pelles et de marteaux ». Les deux jeunes femmes avaient ri sur le coup, surtout lorsque la rousse métamorphosa le haut de son corps en tête de requin marteau; après, Laïla était restée sur ces simples paroles et entreprit de suivre le conseil de son amie.

Assise sur le palier, les pieds nus, Laïla ferma les yeux. Elle serait toujours triste. Elle l'acceptait; une part d'elle se sentirait toujours coupable de la séparation de ses parents; une autre part d'elle se morfondrait toujours au sujet de ses fiançailles prématurées avec Romain. Elle ne pourrait jamais se débarrasser des moments douloureux et noirs. Cependant, elle nous voulait pas se remplir la tête uniquement avec ses échecs personnels.

Voyager avec Elada lui a permis de s'extérioriser un peu plus; elle reconnaît qu'elle ne sera jamais celle qui sera le centre de l'attention, ni celle qui mènera des batailles. Pourtant, elle a apprit qu'elle avait quelque chose à redonner, et c'est clairement son savoir. Elle s'est arrêtée à Amritsar pour pouvoir profiter des connaissances d'un nonagénaire et pour pouvoir répertorier des plantes inconnues; mais le véritable poids qui a pesé dans la balance était le fait qu'elle puisse enseigner des connaissances rudimentaires aux petits sorciers du quartier. Chaque matin, ils se regroupaient dans les jardins et ils étudiaient les mandragores et le filet du diable. Lors de ces mini-cours, Laila était à son meilleur : elle était pétillante, pleine de vie et attentive à tous ces petits qui la regardait avec de grands yeux bruns, avides de savoir.

Elle rentra à l'intérieur, les vêtements et les os mouillés. Un frisson profond s'empara d'elle alors qu'elle manqua de glisser sur la céramique blanche et de s'éclater le visage sur un pot de fleur.

« Miss ! Miss ! »

Un petit homme de blanc vêtu s'empressa de venir lui porter secours mais glissa lui-même sur les carrés mouillés et brisa le pot de fleur en le poussant avec son pied. Des renforts ne tardèrent pas, et bientôt toute la maisonnée - c'est à dire la mère, la tante, la grand-mère, les cinq enfants, le père et le grand-père (l'oncle étant celui qui gisait sur le sol) ainsi que les deux serviteurs -  se retrouva dans l'entrée. Certains aidèrent le pauvre homme à se relever, d'autres ramassaient la terre et les restes d'une plante qui étaient éparpillés sur le sol, et Laïla essaya de réprimer un léger rire. Les femmes s'emparèrent d'elle assez rapidement et la menèrent dans sa chambre, pour pouvoir l'aider à se détremper.

Les lumières s'allumaient une à une alors que le petit attroupement se déplaçait dans la maison. En arrivant à bon port, les femmes fermèrent la porte à verrou et descendirent les rideaux oranges. Ensuite, elles se mirent à déshabiller furtivement la jeune anglaise en laissant échapper des reproches véhéments. Leur cible ne se préoccupait pas de ceux-ci, et conservait un léger sourire au coin de la bouche. Elle admira le contraste marquant entre la couleur de ses bras, de son cou, de sa poitrine avec celle des mains brunes qui parcouraient doucement sa peau au teint de lait. Elle s'étonnait de cette différence flagrante, surtout lorsqu'elle considérait qu'elle avait prit du soleil depuis son départ d'Angleterre.

Un, deux, trois morceaux de vêtements mouillés se trouvaient par terre. Par pudeur, Laïla se recouvrit rapidement à l'aide de ses bras (qui étaient bien trop minces pour être le  moindrement efficaces); elle n'avait pas honte de sa silhouette, mais elle se faisait rarement toisée de haut en bas par des yeux ni par des mains de trois dames indiennes. Ils lui enfilèrent  une longue chemise de nuit et la mirent au lit avec une couverture d’extra, pour ne pas qu’elle attrape sa mort.

Le lendemain matin, ses boucles brunes et dorées vinrent la réveiller en chatouillant son petit nez. Elle s'étira les bras, bailla, puis ferma les yeux de nouveau.

10 minutes plus tard.

Étendue sur le ventre, Laïla se faisait des coucous dans le miroir, la tête et les épaules dépassant largement le bord du lit. Elle cligna d'un oeil, puis de l'autre. Ses grands yeux marrons s'amusaient à regarder dans des directions différentes. Elle voulu s'approcher un peu plus de la glace, se faisant une grimace affreuse, mais la loi de la gravité intervint et elle chuta bruyamment par terre, tête première. Encore une fois, des personnages accoururent auprès d'elle, convaincus que, cette fois, elle avait finalement chuté vers sa mort. À premier regard, ils ne virent que son corps fragile recroquevillé sur le sol. Après quelques instants, pourtant, ils comprirent qu'elle était simplement crampée de rire, et qu'il serait probablement mieux de la laisser à ses délires.

21 décembre 2018

Cher journal,
Je m'apprête à célébrer Noël avec ma famille cette année. Oui, j'ai une famille. C'est drôle d'y penser comme ça. Tout le monde est gentil, mais j'ai comme l'impression de toujours être dans le chemin... ou encore d'être observée par tous. Je suis perpétuellement embarrassée. Je te parlerai d'Oswin plus tard: on m'appelle.

~Plus tard~

Bon, j'ai le temps d'écrire.
Oswin, surprise surprise, est GÉNIAL. Il me comprend PARFAITEMENT. Il sait quand je me sens mal-à-l'aise et il réussit presque toujours à me faire rire. Teofana - la maman d'Oswin (ma tante par alliance) - est gentille, mais elle aime me taquiner. Robert - mon oncle - est gentil lui aussi, et me laisse tranquille. Je ne sais toujours pas quoi lui dire.

15 octobre 2021

Albus. Albus est merveilleux. Il vient de m'inviter au bal de l'Halloween. Il me l'a demandé alors que nous étions en train d'étudier sous les saules dans le parc. Je devais l'écrire. Je suis si heureuse.

10 juin 2022

J'ai été convoquée au bureau du professeur Londubat. C'était bien: il m'a offert des chocogrenouilles. Il me rendait la correction de mon parchemin sur les sapins bondissants. J'ai eu un EE.

Je ne peux pas dire que la botanique soit ma matière de prédilection et je ne prétend surtout pas avoir le pouce vert (en vérité, je tue toutes les plantes que j'essaye de garder). De plus, je dois avouer, avec une bonne dose de culpabilité, que le professeur ne m'inspire pas particulièrement. Je sais qu'il a été un héros de la grande guerre et je le respecte énormément pour cela et pour tant d'autres choses. Il a une grande passion pour son métier mais son enseignement me chicote un tantinet. Bref, je ne pourrais pas mettre le doigt dessus, et c'est mal de souiller tes pages avec mes déblatérations critiques au sujet de mes professeurs.

Que pourrais-je te dire?

J'ai fait une nouvelle connaissance aujourd'hui. Il s'appelle Hamish Wigsworth. C'est un nom terrible, mais la personne qu'il désigne est aussi terriblement beau. Bon, j'ai écrit ma phrase typiquement adolescente de la soirée. Passons à autre chose.

Je rafole des ragots, mais je reconnais que c'est un caprice méprisable. Donc, je ne partagerai pas mes joies pécheresses avec toi. Ou sinon, rien qu'un peu.

J'ai reçu un hibou aujourd'hui. Gringott's l'a envoyé. Il semblerait que je n'ai plus beaucoup d'argent dans mon compte. Zéro en fait. Je suis pauvre, bien malheureusement. C'est pour cela que je vais épouser un riche sang-pur et vivre dans un manoir avec pleins de chats. Ou bien, à ma graduation de Poudlard, j'irai m'étendre sur les moors écossaises et laisser le vent m'abattre sur les roches et les animaux sauvages se délecter de ma chair. Qu'importe, en ce moment je suis toujours pauvre. Comme les gallions sont vites dépensés.

J'ai un chat aux yeux jaunes qui me saute dessus. Il n'aime pas ça lorsque j'accorde trop d'attention à mes livres. Il viens se frotter contre les pages et ruine toute mon écriture. Ce n'est pas trop grave, puisque ce n'est que toi qui vas lire ces paroles. Il est curieux mon chat. Et il est gros. Ça fait longtemps que je l'ai. Peut-être trop longtemps. Aller, il gagne la bataille et remporte mon attention. Je ferme ce cahier dans 3...2...1.

18 mars 2023

Je suis de retour à Poudlard, après deux mois d'absence. Je suis heureuse d'être de retour, mais les choses ont indéniablement changé. Je crois que je vais prendre la peine de tout écrire, pour voir au clair, sinon pour la postérité.

Après ma fuite avec Romain, nous nous sommes retrouvés seuls et meurtris. Nous avons retrouvé Hyperion Palmer, l'ami de Romain. Il s'est chargé de dénoncer Branstone, tout en nous gardant en sécurité. Nous avons ensuite été logés chez Victoire, le temps de notre convalescence. Depuis quelques semaines, je ne sais pas quoi faire de mon corps, ni de ma pensée. Romain est parti sans me dire aurevoir. Il n'est pas encore revenu à Poudlard. Je ne sais pas quoi penser. Je m'ennuie horriblement de lui.


Laïla ferma le cahier à cette entrée. Elle caressa le reliure en cuir et sourit en coin. « J'étais tellement jeune ». À chaque page, elle s'était répété cette phrase en secouant  la tête, amusée et un peu embarrassée.  Elle gardait ce journal depuis son enfance. Il n'était pas si gros : environ  cent pages blanches, sept pouces de haut, quatre pouces de large. La première entrée datait de 2015, où elle se présentait et qu'elle expliquait qu'elle était une sorcière. La dernière datait de sa dernière année à l'université.

Elle rouvrit le cahier, se décidant enfin d'en finir.

4 mai 2030

Me voici aux dernières pages de ce cahier. Je me suis amusée à feuilleter à travers les pages précédentes, par habitude, par curiosité... Je trouve que, depuis quinze ans, je n'ai pas tant changé. Cela me réconforte autant que cela m'inquiète ; je me retrouve dans les sottises de Laïla enfant, ainsi que dans les angoisses de Laïla adolescente. Pourtant, je me suis améliorée sur certains points.  Pendant longtemps, je n'ai pas fait confiance aux gens autour de moi, de peur - peut-être - de faire un mauvais pas et de les perdre, comme lorsque j'ai perdu mes parents. Voilà une chose qui a changé en moi : je ne suis plus aussi vulnérable... non, je le suis encore. Mais je reconnais mes forces, ainsi que mes amis.

Je n'ai pas beaucoup parlée d'Elada. Je le ferai maintenant, alors qu'un chapitre tire sa fin.

Elle est celle qui a été là, dans les dernières années, celle qui a été là pour moi à travers tout. Lorsque j'ai rompu avec Romain, lorsque j'ai voulu lui revenir, lorsque j'ai pleuré. Elle est celle qui m'a fait rire, celle qui m'a fait désespérer. Surtout, c'est elle qui m'a accompagnée, après les études, dans un voyage un peu partout dans le monde. Nous nous sommes seulement quittées en Inde, où j'ai choisi de rester un temps, pour étudier auprès d'un vieil apothicaire local.
Je viens de remettre les pieds à Londres, où Artémis règne toujours. Oui, cette même Artémis qui me jetait des sortilèges de jambe-en-coton lorsque j'avais treize ans. Elle est reine maintenant.

Depuis la mort de Tobias, je ne me mêle plus de la politique. Pourtant, je sens que tôt ou tard, je vais devoir m'impliquer, simplement parce qu'Artémis aura plongé le monde  entier dans le pétrin.

Voici la dernière ligne. Je te dis adieu, Laïla du futur. Il n'y a toi qui lira ceci de toute façon.