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 Éléane Isobel Greengrass [terminé]

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Éléane I. Greengrass

Éléane I. Greengrass
Messages : 101
Date d'inscription : 15/06/2015

Éléane Isobel Greengrass [terminé] Empty
MessageSujet: Éléane Isobel Greengrass [terminé]   Éléane Isobel Greengrass [terminé] EmptyVen 19 Juin - 12:54



Éléane Isobel Greengrass
« Great men are not born great, they grow great »
Mario Puzo



who i am

Nom : Greengrass ; Prénom : Éléane Isobel ; Âge : 24 ans ; Date de naissance: 21 décembre 2005 ; Pureté de sang sang pur ; Baguette magique: bois de cerisier, nerf de coeur de dragon, 27, 2 centimètres. Longue, fine et souple, il s’agit d’une baguette simple mais travaillée. Son manche, serti de formes rondes et aériennes, se décline tout en finesse avant de s'enrouler et de se recourber sur lui-même. De ces formes presque naturelles découlent de fines rainures qui, à l'image du lierre qui s'agrippe au bois, s'enroulent de tout son long pour mourir à l'extrémité de l'objet. Idéale pour les sortilèges et enchantements, cette baguette aux effets parfois surprenants produit une forme de magie délicate qui peut aussi se révéler puissante.


Caractère

Le jour était à peine levé, mais déjà le soleil perçait par la fenêtre. Assise sur le rebord de son lit, la jeune femme s’était perdue dans ses pensées, et il fallut le contact tiède d’un pelage argenté derrière ses mollets pour la ramener à la réalité. Elle inspira et se tourna à demi pour observer le jeune homme qui dormait paisiblement à ses côtés. Elle détailla sa chevelure brune, la courbe galbée de son dos, le grain fin de sa peau, remonta sur son visage et s’attarda sur la fossette de son menton et ses pommettes hautes – un point qu’ils avaient en commun. Il était beau. Elle avait souvent fait ce constat, mais elle s’en émerveillait pourtant encore régulièrement, comme si elle le découvrait pour la première fois.

Tout n’avait pas toujours été facile entre eux. Ils n’étaient jamais d’accord sur rien, sauf peut-être sur le fait qu’ils ne s’accordaient pas. Il assumait – et même, parfois, revendiquait – son côté conformiste et traditionnel, elle combattait le sien ; il était toujours prêt, elle ne l’était jamais. Elle restait souvent de glace quand ses pupilles chocolatées brillaient d’une façon enfantine ; elle riait moins que lui. Elle avait fait des efforts pourtant, et dans une certaine mesure, dénotait de bien plus de joie de vivre qu’auparavant. Leurs opinions politiques divergeaient également. Il allait où se trouvaient ses intérêts afin de se protéger – des les protéger, disait-il. Un jour, elle n’en doutait pas, il renouerait avec la monarchie quand elle continuerait à aspirer à la voir perdre le trône qu’elle avait usurpé. Leurs sens de l’équité n’avaient jamais eu la même mesure. Elle était battante, courageuse également ; il était plus prudent, plus peureux probablement. Il cherchait le confort, elle préférait ses idéaux. Quand il avait voulu revenir chez ses parents parce qu’il était dans le besoin, elle l’avait trouvé faible. Elle n’admettait pas l’hypocrisie, néanmoins avait toujours respecté ses choix – c’était sans doute ce qu’elle pouvait lui offrir de mieux, et elle attendait qu’il respecte les siens en retour. Il le faisait, mais il la trouvait trop sensible et idéaliste et restait persuadé qu’elle finirait par « comprendre le monde » et, souvent encore, tentait de la raisonner. Mais elle était bornée ; au moins sur ce point précis se comprenaient-ils : ils s’étaient toujours accommodées de leurs manières butées, voire parfois insensibles, calculatrices et suffisantes.

De façon surprenante, il était celui qui avait tenu à s’engager, elle était celle qui avait d’abord refusé. Elle n’avait pas compris pourquoi un étudiant si volage tenait à s’ajuster à une femme si stable. Elle avait eu du mal à lui faire confiance d’abord, mais il lui avait fallu admettre que continuer à vivre séparément était grotesque. Et petit à petit, le doute s’en était allé. Deux ans, déjà, qu’ils partageaient le même appartement ; cinq ans déjà qu’il remplissait sa vie sans qu’elle ne comprenne ce qui les retenait l’un et l’autre. Il fallait faire des concessions, mai ils formaient un tandem efficace. Vraisemblablement leurs caractères déterminés, souvent trop dignes et trop froids, ironiques et sarcastiques, s’accordaient plutôt bien. Il n’avait pas toujours de bonnes intentions, mais si les siennes se voulaient affables et dénuées d’intérêts, ils se reconnaissaient néanmoins dans leur prétention et leur orgueil. Il blessait parfois, mais elle le lui rendait bien et ne se laissait pas faire. Rien n’était simple, mais jouer les parfaits idiots ensemble rendait probablement les choses plus naturelles qu’elles ne le seraient en faisant cavalier seul.

À l’image de leur relation, la journée d’hier n’avait pas été simple non plus. Margaret l’avait presque sermonnée, comme une enfant. Cette même Margaret qui était la sœur de l’auto-proclamée mais qui lui accordait, depuis leur dernière confrontation avec celle-ci, une attention bienveillante.

[…]

Réunis autour d’une table, certains amis de l’ancien Ordre du Phoenix débattaient politique et autres « faits divers ». Mais depuis quelques minutes, la discussion prenait une tournure sensiblement différente.

« Tu ne vis même plus en Angleterre, fit remarquer Maggy.
- Ca ne saurait durer.
- Tu as un métier, une situation, renchérit Hermione.
- Une formation qui vient de se terminer, répliqua Éléane, sur son traditionnel ton de l’évidence.
- Un couple, insista Margaret.
- Tu n’es pas seule. Cesse de ne penser qu’à toi. »

Cette conversation énervait l’ancienne Gryffondor, pourtant d’un naturel très patient. Elle qui se voulait si mature depuis un âge si précoce avait aujourd’hui l’impression d’être remise à la place d’une fillette de cinq ans, et par des gens qui ne l’avaient même pas vue grandir.

« Mais il aime sa vie à Paris, continua la jeune maman.
- Il est retourné chez ses parents. Et il a évoqué l’idée, répondit-elle de son habituel air impassible.
- Tu es bornée, égoïste, intervint enfin Alistair, resté incroyablement muet jusqu’alors. D’ordinaire, tu es plus réfléchie.
- Pouvons-nous en revenir au sujet qui nous préoccupe ?
- Et tu vas bien sûr supporter de travailler pour un gouvernement qui ne correspond en rien à tes idées ? »

Le médicomage, désormais, s’obstinait. Il lui donnait parfois l’impression que depuis qu’il l’avait soignée après l’Opprimendi Vitalis de Victoire, il s’était pris d’affection pour elle ; ou tout du moins qu’il se sentait désormais responsable de sa vie autant que de celle de sa propre fille. Il est vrai qu’il l’avait suivie jour après jour pendant trois mois consécutifs sans qu’elle ne soit même en mesure de le remercier ; et à moindre fréquence pendant les trois autres qui suivirent. Pour autant, son paternalisme ne lui convenait pas : elle n’avait jamais aimé qu’on lui dicte sa conduite ni que l’on se sente tenu de décider à sa place.

« Je ne compte pas lécher les bottes d’Artémis, mais bien…
- Nous sommes en guerre, Éléane. » Tout comme elle, le médecin avait l’art et la manière de faire des constats d’une simplicité si banale qu’elle en était désarmante.

« Merci Alistair, ce détail m’avait échappé, rétorqua-t-elle de ce ton cinglant et réprobateur qui teintait souvent ses propos.
- C’est donc ce que tu veux, la guerre ? » Il semblait dépité, épuisé, vieilli. Sur sa tempe, une veine battait nerveusement la chamade.

« Que vous arrive-t-il ? Autrefois vous auriez été ravis d’infiltrer le gouvernement de Saint-Clare. Bien sûr que je veux la paix. Mais comme vous tous, j’aspire également à voir retourner Artémis à ses poupées et à sa garde-robe. J’ai conscience que cela n’est envisageable que sur le long terme, et heureusement la chance veut que pour l’instant, elle modère ses anciens propos comme ses idées. Mais ne soyons pas à ce point idéalistes ! Lequel d’entre vous croit sincèrement que quand elle aura réduit chaque créature à l’esclavage, elle ne remettra pas ses idéaux pro-sangs-purs au goût du jour ? Et quand bien même, lequel d’entre vous veut d’une guerre contre les gobelins ? Je n’ai aucune influence, mais quand cette histoire sera terminée, si l’opportunité se présente pour moi d’agir, je la saisirai. »

Prenant appui sur la paume de ses mains, elle s’était levée et fixait désormais, lentement et avec assurance, chaque membre de l’assemblée. Elle n’avait jamais toléré l’échec ni l’abandon, elle ne s’y essayerait pas aujourd’hui.

Un silence lourd suivit son discours. Elle ne parlait jamais beaucoup. D’usage elle trouvait plus sage d’écouter l’avis de chacun avant de formuler le sien. Malgré son jeune âge, elle parvenait même, plus souvent que de raison, à mettre le doigt sur le consensus, quand il ne s’agissait pas tout simplement de rallier tout le monde à sa pensée, quitte à user un peu de manipulation. Il était tellement facile de faire adhérer un groupe à une idée quand il avait l’impression qu’elle émanait de lui et que tous y avaient contribué. Pour autant, elle écoutait sincèrement et avec respect l’avis de chacun, mais elle croyait souvent sa vision des choses préférable. Et sa sérénité et sa verve naturelles, son air détaché et pourtant concerné, avaient souvent raison des foules. Ses études lui avaient, en effet, appris à exploiter un aspect de sa personnalité qui n’était resté, auparavant, que de l’ordre des possibles. Aujourd’hui, pourtant, l’énervement se traduisait sur son front autant que dans son verbe. L’insécurité de sa situation et les cauchemars qui refaisaient surface l’épuisaient plus qu’elle ne voulait l’admettre.

« Bien, je vois que nous sommes d’accord. »

Épuisée, elle s’accota sur le dossier de sa chaise, répondant au sourire gêné que lui offrait, face à elle, la douce Margaret. En ce moment, ce manque de confiance en soi contre lequel elle avait tant lutté et qu’elle parvenait d’ordinaire à dissimuler refaisait surface au détriment de son perfectionnisme et de ses exigences exacerbés. C’était évident, elle n’était toujours pas une adulte à leurs yeux.


Description physique

Au souvenir de la veille, elle soupira. La journée d’hier n’avait pas été facile, mais celle-ci serait meilleure. Il y avait toujours des beaux jours pour effacer le souvenir des temps de grisailles. Apaisée par cette pensée, elle laissa glisser les draps blancs le long de sa hanche et se faufila dans la salle de bain où rien d’autre ne l’attendait que son reflet dans le miroir. Elle ne s’y attarda pas et, dévoilant sa peau pâle, savoura la chaleur de l’eau qui chassait la froidure matinale.

Elle inspira, ferma les yeux et laissa couler les gouttes le long de sa longue chevelure brune. Ainsi détrempées, les larges ondulations se faisaient oublier et venaient chatouiller ses omoplates frêles. Elle avait repris des forces, ses formes avaient retrouvé la femme qu’elles avaient boudée, mais depuis cette soirée enneigée qui avait vu son intérieur s’autodétruire, elle avait gardé cette même apparence chétive qui lui donnait des faux airs de poupée fragile. Cinq années s’étaient écoulées, mais les kilos qu’elle avait vaillamment repris n’effaçaient pas l’image blafarde du monde qui s’était voilé derrière ses prunelles. Elle s’épuisait d’ailleurs plus vite qu’autrefois. Seules demeuraient, comme trace de la vigueur qu’elle y avait perdue, la tonicité de sa peau et, dans un effort de féminité, ses épaules et ses hanches marquées.

Relevant la tête pour mieux profiter du massage de l’eau, elle sourit de ce sourire   que rehaussaient des dents blanches et auquel elle avait souvent eu recours pour obtenir ce qu’elle avait convoité quand ses dires n’avaient pas suffi. C’était ce qu’on lui avait appris, avec ses parents tout autant qu’en faculté de politique. Cette pensée l’amusa. Dans un premier temps, elle avait caché ce corps fragilisé qui ne lui donnerait pas d’enfant, mais elle avait su muer cette incertitude en atout ; émouvant, distrayant, impressionnant, à sa guise et selon le besoin. Car l’ancienne Gryffondor est belle et, sans jamais en avoir jamais fait une montagne, en a conscience et ne s’en cache pas.

Sa main glissa, effleura la cicatrice de sa cuisse ; longue d’une dizaine de centimètres, irrégulière et blanche, comme oubliée, telle un vestige las du passé. Le souvenir d’une bataille antérieure. Elle y avait sauvé un ami. Elle y avait trouvé un amant. C’était ce jour-là, sans doute, qu’Artémis avait décidé qu’elle moulerait le visage de l’Angleterre à son image.

Un mouvement encore et le jet cessa de tracer son sillage sur sa peau pour embuer le miroir qui surplombait deux éviers de porcelaine. Emmitouflée dans une serviette, elle dégagea cet amas de buée d’un geste nonchalant de baguette et entreprit de s’apprêter. Elle ne se maquillait d’ordinaire pas beaucoup, quoi que toujours un peu, seulement les yeux, pour ne pas donner l’impression de se laisser aller, mais aujourd’hui la circonstance exigeait d’elle un peu plus de préparation qu’à son habitude. Sans pour autant chercher à lutter contre son aspect transparent, elle se maquilla d’un geste léger, couvrant son large front, sa mâchoire anguleuse et ses joues hautes d’un mince voile presque tout aussi translucide. Elle noircit ses grands yeux gris mais décida qu’il était sage d’omettre de les ombrer : à l’outrance elle avait toujours préféré la sobriété. Ensuite, elle rougit ses lèvres pourtant déjà bien dessinées, ce qu’elle ne réservait qu’aux grandes rencontres ou occasions particulières.

Rapidement enfin, elle s’habilla. Déterminée et sûre d’elle, Éléane n’avait jamais été de ces femmes qui s’attardent des heures devant leur miroir pour trouver les vêtements qui conviendraient le mieux à leur humeur. D’un goût certain, elle avait toujours su. Il y avait les tenues d’occasions qui lui donnaient l’air d’une égérie de cinéma et qu’elle ne réservait peut-être en réalité qu’aux beaux yeux de l’Adonis qui rêvait entre ses draps ; il y avait celles, sobres mais distinguées et efficaces, qui l’accompagnaient les jours de travail ; les décontractées, celles de la vie de tous les jours, qu’elle portait avec une élégance naturelle mais soignée ; et enfin celles qui, dans ses moments de folie, lui donnaient des faux airs d’adolescente rebelle. C’était précis, toujours simple et efficace, il n’était nul besoin de s’y attarder. Ses manières aristocrates savaient toujours leur conférer l’élégance qui enveloppait son corps svelte et son visage dur mais néanmoins charmant.

Edgard ronronna entre ses jambes. Elle lui glissa une phrase d’excuse et acheva de boutonner son haut. Désormais vêtue d’un pantalon écru et d’une chemise blanche, parée de quelques bijoux comme à l’accoutumée discrets, elle enfila des escarpins et, dans cette allure de grande dame du monde qu’elle se donnait mais que, dans un souci de fausse modestie, elle ne prétendait jamais être ni même vouloir être, s’empara de sa veste, se dirigea vers son compagnon toujours endormi, l’embrassa sur le front et s’en alla. 


C'est une histoire...

Tout en marchant dans les rues animées de Paris, elle écoutait cet accent auquel elle s’était tant habituée, pesant le pour et le contre des décisions qu’elle s’apprêtait à prendre. Mais une image l’obsédait, celle de deux enfants bruns, innocents pour quelques heures encore, qui jouent sous la prunelle bienveillante d’une femme au visage saillant. Elle vit la petite fille pleurer et le garçonnet s’esclaffer avant de l’entourer de ses bras. Elle se demandait si, ce jour-là, ils auraient pu, tout simplement, décider de s’en aller. Perdue dans cette réflexion elle se rappelait de l’enfant qu’elle avait été, de l’adolescente qui l’avait chassée, des premiers pas de l’adulte qui l’avait remplacée.

21 décembre 2008
À l’extérieur la neige tombait et couvrait le jardin d’une épaisse couche blanche, encore intacte à cette heure précoce du jour. Noël approchait et le sol était déjà jonché de cadeaux, déballés à la hâte par la fillette dont ont fêtait les trois ans. Elle avait reçu, entre autres présents, un balai qui volait à vingt centimètres du sol, mais que son frère s’était accaparé. À l’heure actuelle, c’était la neige qui la préoccupait. Elle se souvenait avoir marché dans cette couche froide l’année précédente, mais elle ne l’avait jamais vue si abondante. Elle voulait y goûter à nouveau, mais on lui avait interdit de sortir. Alors, en attendant que passe l’heure du petit-déjeuner, elle s’affairait à coller ses mains sur les vitres et à y laisser des traces informes.  

« Elegius, Éléane, venez-donc manger ! »
D’un an son aîné, mais déjà beaucoup plus sage, son frère s’exécuta. Dans quelques jours à peine, ce serait au tour de sa cadette d’entamer son instruction. On commencerait par des choses simples, comme le dessin. Viendraient ensuite la lecture, l’histoire, la généalogie des grandes familles de sangs-purs. Nul doute qu’elle serait, elle aussi, une enfant parfaite.

« Madame reprendra-t-elle du thé ?
- Non, merci Dorea. »

Sans un mot supplémentaire, l’elfe de maison partit s’enquérir du bien être de Magnus, leur père, qui jetait des œillades inquiètes au gros titre de la Gazette du sorcier, « L’impureté du sang ».

10 août 2015
« Maman, j’ai reçu ma lettre de Pouldard ! »

Courant dans tous les sens, le garçon s’affairait à avertir toute la maisonnée, tandis que son père, le sourire au lèvre, le rejoignait : « En avais-tu seulement douté ? ». Éléane, quant à elle, observait silencieusement. Elle n’avait pas songé qu’il lui allait falloir passer une année seule avec le vieux professeur Conley.


1er septembre 2016
« Gryffondor ! »

Implacable, la sentence du Choixpeau fut clamée à l’assemblée comme la fraîcheur du poisson sur un étal de marché à la criée. Sans un mot, elle tourna le regard en direction de la table des Serpentards, où les yeux de son frère s’étaient arrondis. En cet instant, elle ne savait ce qui, de la déception ou du soulagement, l’habitait.

« C’est à cause de tous ces livres de moldus que Papa dit que tu lis en cachette ! », fut tout ce que son frère trouva à dire avant de définitivement cesser de lui adresser la parole ; ce qu’il ne fit à nouveau que quelques mois plus tard, après avoir pris sa défense face à un groupe de sixièmes années.

Les jours qui suivirent furent difficiles. Houspillée par les Serpentards qui l’avaient d’avance intégrée au groupe, mais également par les Gryffondors auxquels on avait appris à se méfier des gens de son sang, elle mit un certain temps à trouver sa place, mais finit par trouver entre les murs du château, un nouveau foyer.

5 octobre 2022
« Tu dois rejoindre l’Inquisition, tu n’as pas le choix.
- Non.
- Alors tu vas te joindre aux Rebelles, c’est ça ?
- Non plus.
- Alors quoi ? »

Elle n’avait pas agit. Elle avait pensé rejoindre l’Inquisition pour plaire à ses parents, les Rebelles pour se plaire à elle-même, mais s’était contentée, quand elle le jugeait nécessaire, de discrètement aider les élèves en détresse, souvent Rebelles, parfois Inquisiteurs. Elle n’avait pas agi et s’était trouvée faible.

1er septembre 2023
Elle avançait dans un grand parc verdoyant, mais dont les notes jaunies laissaient deviner les prémisses de l’automne. À ses côtés, deux de ses amies riaient avec insouciance, dans moins d’une heure commenceraient leurs premiers cours à Londinium. Jane étudierait le commerce, Charlotte le droit et elle la politique. Choisir d’entrer en faculté de politique n’avait pas été aisé, alors que depuis toujours, elle avait souhaité étudier les sortilèges, sa matière de prédilection. Mais son père avait raison, les sortilèges offraient moins de possibilités de carrière… moins de prestige aussi ; bien que ce dernier aspect ne l’avait pas tant préoccupée. Et peut-être cela rachèterait-il ses idéaux aux yeux de ses parents et leur offrirait-il enfin quelque source de fierté. Elle sentait malgré cela poindre un point de non-retour, une séparation douloureuse. Non, la qualité d’une personne ne se jugeait pas à ses pouvoirs ou à son sang, mais l’esprit de certains était encore trop fermé pour l’entendre, en particulier celui de sa famille. Mais peut-être pouvait-elle racheter son point de vue d’une quelconque autre manière. Et pour l’instant, surtout en ce jour presque festif, tout cela apparaissait d’une évidence limpide. Tout était bien, alors tout irait bien, et de Charlotte ni de Jane ne serait venue l’idée de nier cette vérité.

Mars 2024
L’hôpital était en feu et en cendres, et elle ne savait même pas pourquoi elle était là. C’était Elegius qu’elle était venue chercher, mais elle n’avait trouvé que du bêton. Non loin d’elle, des corps gisaient sous les décombres. Le roi est mort, avait-elle cru entendre murmurer. Était-ce de là qu’était venu ce cri lancinant de désespoir ? Bach s’obstinait à jouer une mélodie macabre aux creux de ses oreilles. Elle n’avait cure des malheurs du « roi », mais elle s’inquiétait de savoir d’où venait tout ce sang qui lui collait au visage. Ce n’était probablement pas le sien. À moins que ?

Non loin d’elle, elle devinait des ombres : Gavried, qui l’avait poursuivie tel un chien de chasse sans jamais parvenir à ramener sa proie ; Romain, ce garçon qui lui avait presque conté des poèmes dans le parc alors qu’il la connaissait à peine ;  Lily Potter, qu’elle saluait poliment ; Matthias qui grossissait désormais les rangs du Sceau de Salomon mais qui avait été son ami ; et d’autres encore, dont elle ne connaissait même pas le nom. Sur elle, le plâtre était incroyablement lourd, il s’infiltrait dans ses poumons et bloquait sa respiration. Elle ne faisait même pas partie de l’Ordre, pourquoi était-elle venue, déjà ? L’Ordre, ah, oui Ah, non en fait. Mais peut-être ? Ne pas le rejoindre serait ridicule désormais. Mais peut-être que… de quoi s’agissait-il encore ? Ah oui, sa famille. Sa famille. Elle ne tolérerait pas. Elle serait désormais sans famille. Et là, non loin d’elle, un ami souffrait.

18 mai 2024
Elle se trouvait dans une grande pièce sombre qui, du fait du grand nombre d’objets insolites qui l’emplissaient, paraissait minuscule. En son centre, un fauteuil de velours vieilli. Sur le fauteuil, une vieille dame, qui contemplait passivement le feu. Assise à même le sol sur quelques coussins, elle était appuyée sur l’accoudoir. Du plus profond de ses souvenirs, elle avait toujours aimé cet endroit. Elle aimait l’odeur mentholée qui s’échappait du grand tapis noué et celle des boiseries qui se mêlait aux crépitements de la cheminée. Elle aimait les traits qui avaient creusé leur histoire sur les mains de son ancêtre, ils semblaient raconter mille aventures nouvelles. Elle aimait aussi le son apaisant du silence, seulement interrompu par le réveil momentané de l’un ou l’autre ustensile singulier. Enfin, elle aimait la douceur, la noblesse, le calme et la sagesse qui se dégageaient de cette dame qui donnait l’impression d’avoir tout vécu. Elle était désormais la seule famille qui lui restait et elle trouvait toujours les mots pour la réconforter. « Un jour, on nous demandera pourquoi, et personne ne trouvera de réponse », avait-elle simplement dit. Et Éléane avait trouvé cela très juste.

24 décembre 2024
C’était Noël et la soirée s’annonçait des plus délicieuses. On boirait du vin, on mangerait de la dinde et on s’offrirait des cadeaux au pied de la cheminée.  Le sourire aux lèvres, elle imaginait déjà de doux parfums chatouiller ses narines.

[…]

À nouveau, son repas était de béton et de poussière. Le monde était flou et il faisait froid. Les sortilèges auraient raison d’elle ; le second n’avait pas suffit à effacer le premier. Ses organes avaient cessé de s’affaisser, mais leur rivière sanglante continuait de tracer son lit entre ses lèvres. Elle rêvait qu’elle se déplaçait, mais son corps ne répondait plus à ses désirs et restait inerte dans un monde de plus en plus flou. Elle mourait.

Septembre 2025
L’air était doux, ni chaud ni froid, simplement présent. Elle hésita un instant, oublié déjà. Et puis elle répondit finalement aux appels qu’elle avait si souvent rejetés. Elle n’avait pas peur, elle n’avait pas douté, elle l’avait embrassé sans artifice et s’était retournée pour s’en aller, mais ses lèvres avaient à nouveau rencontré les siennes.

Juillet 2028
La pluie battait, torrentielle mais, en contrebas, la capitale s’étendait sous leurs yeux comme une promesse. Elle n’avait pas voulu partir d’abord, mais ressentait aujourd’hui une excitation digne de celle d’un bambin qui choisit les parfums de sa crème glacée. Vivre à Paris. Tout semblait possible désormais. Elle avait une arrière-grand-mère qui y était née et lui avait donné son prénom, il s’agissait apparemment d’une personne très respectable. Sans aucun doute, elles se seraient appréciées. À cette pensée, ses yeux s’illuminèrent et elle huma l’air diluvien avant de se de se saisir de la main de l’homme qui se trouvait à ses côtés. Ici, ils pourraient devenir qui ils voulaient. Aujourd’hui, le monde leur appartenait.

Août 2028
« Donnez-nous une bonne raison de vous intégrer à notre formation.
- Je connais l’Angleterre, j’y ai grandi, je connais son système élitiste, je connais ses tensions. Sa situation actuelle vous inquiète, je l’ai vécue et j’ai failli y perdre la vie. Je n’en suis pas moins là devant vous, prête à m’investir. Et, par dessus tout, je connais Artémis. Je ne pourrais pas me vanter d’avoir été son amie mais pendant cinq années je l’ai vue évoluer sur les bancs de l’école et devenir ce qu’elle est devenue. Je n’ai pas peur d’elle ; je n’ai pas peur de ce qu’il peut m’arriver.
- Parlez-nous de l’amitié qu’entretenait votre ami avec la reine.
- Nous sommes deux personnes différentes, il serait malvenu de nous confondre. Nous faisons chacun nos choix. Ses allégeances politiques ne me regardent pas.
- Vous me dites que vous faites une parfaite dissociation entre votre vie sentimentale et politique ?
- Oui. »

La réponse était nette, ferme, calme, sans appel. L’examinateur haussa un sourcil.

« Vous voulez des enfants ?
- Je n’ai pas à répondre à cette question. Et puis, soyons honnête, il s’agit d’un stage, rien qui ne nous lie de manière définitive. Si je devais avoir des enfants, vous ne les verriez probablement pas gambader dans les couloirs de votre Ministère. »

En face d’elle, le vieil homme aux cheveux clairsemés sourit pour la première fois, et Éléane se détendit. De cet entretient dépendait sa spécialisation en relations internationales, ainsi peut-être que leur nouvelle vie en France. Mais rien ne parvenait à l’éloigner de la conviction que tout irait pour le mieux désormais. Enfin, difficilement, soufflant comme après un marathon, il se leva et lui tendit la main.

« Bienvenue dans notre formation, Mademoiselle Greengrass. »

10 juillet 2030
« Tu vas donc retourner en Angleterre pour tenter de te faire engager dans le gouvernement d’Artémis ? interrogea Maggy, l’air aussi désolé que suspicieux.
- Oui.
- Et ensuite, que feras-tu ? s’inquiéta-t-elle.
- J’agirai à mon niveau,  si je le peux. Je sais que je n’arrêterai pas la guerre à moi seule et que vous pensez que mes ambitions sont à la mesure de celles des plus idiots et des plus fous d’entre nous. Mais il faut toujours des fous pour oser là où les autres ne font qu’espérer. C’était d’ailleurs ce qui nous ralliait il n’y a pas si longtemps. Et si vous ne m’appuyez pas, j’en suis peinée, mais je ne vivrai pas dans le déni de ce en quoi je crois. Et ce n’est pas en essayant de m’apitoyer sur mon couple et en agitant une corde que vous croyez sensible que cela changera. Vous savez que je n’ai jamais été tendre.
- En apparence, il est vrai. »

Elle jeta un regard torve au jeune homme dont émanait la remarque mais ne s’en formalisa pas.

« Et si tu n’es pas engagée ? »

11 juillet 2030
Un enfant, le pas vif mais l’esprit ailleurs, percuta son abdomen et s’enfuit en bredouillant de vagues excuses, la tirant de sa rêverie. Un bref instant, elle se souvint de ce jour où elle avait retrouvé Matthias après quatre mois d’absence et où un autre rouquin avait croisé son chemin de façon similaire. Elle sourit à cette réminiscence : Matthias avait toujours eu l’art et la manière de fuir, et elle n’était plus bien certaine de savoir pourquoi elle l’avait suivi dans sa dernière escapade. Se sauver ne lui ressemblait pas et pourtant deux années s’étaient déjà écoulées. Quitter le pays avait été plus facile qu’elle ne l’avait imaginé. N’avoir aucune attache familiale l’avait probablement aidée, mais elle sentait poindre le désir de retrouver son foyer.

La chaleur croissante l’accablait. La canicule qui s’étendait depuis quelques jours sur l’Europe gagnait chaque jour en importance et laissait penser qu’elle n’en n’était qu’à ses débuts. Il n’était pourtant pas neuf heures. Reconnectée à la réalité, elle ferma les yeux et les ouvrit sur une rue étroite dont le seul élément de taille, une gigantesque porte de bois rouge, la faisait paraître insignifiante. Autour d’elle, l’accent, autant que les tenues, avaient changé.


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Laïla E. Clennam

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MessageSujet: Re: Éléane Isobel Greengrass [terminé]   Éléane Isobel Greengrass [terminé] EmptySam 20 Juin - 9:15

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Lily L. Potter

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MessageSujet: Re: Éléane Isobel Greengrass [terminé]   Éléane Isobel Greengrass [terminé] EmptyDim 21 Juin - 2:28

J'ai hâte, hâte, hâte de lire ça Éléane Isobel Greengrass [terminé] 1723790523
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Éléane I. Greengrass

Éléane I. Greengrass
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MessageSujet: Re: Éléane Isobel Greengrass [terminé]   Éléane Isobel Greengrass [terminé] EmptyDim 12 Juil - 12:15

Fiche – enfin – terminée Very Happy Éléane Isobel Greengrass [terminé] 3138449116
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Laïla E. Clennam

Laïla E. Clennam
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MessageSujet: Re: Éléane Isobel Greengrass [terminé]   Éléane Isobel Greengrass [terminé] EmptyDim 12 Juil - 13:52

J'ai le grand plaisir de te valider ma chère !
Bonne continuation parmi nous :)
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