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 « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass.

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Lily L. Potter

Lily L. Potter
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MessageSujet: « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass.   « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass. EmptySam 11 Juil - 11:30


« Je lance les paris pour le dîner de ce soir ! »

James abattit quelques gallions d’un air moqueur sur la table du salon alors que la famille y était réunie pour échapper à la chaleur de l’extérieur. Tous les yeux se levèrent vers lui, intrigués jusqu’à ce qu’Albus vint inspecter l’authenticité des pièces, connaissant les pièges de son frère. Lily laissa un sourire moqueur se dessiner sur ses lèvres tandis qu’elle entendit son père pousser un soupir de désespoir devant l’attitude de son garçon. La discussion n’avait cessé de tourner en rond et Harry avait maintenu sa position d’organiser un dîner pour réunir les membres et anciens membres de l’Ordre du Phénix. A l’heure où l’aîné estimait que les trahisons pouvaient surgir à tour de bras, leur père soutenait sa merveilleuse idée dans laquelle il avait embarqué sa femme. Lily avait soigneusement évité de se mêler du sujet depuis que Jacob avait été accepté comme n’importe quel homme dans sa famille. Son seul regret fut qu’il ne puisse pas être là ce soir à cause de ses activités.

Mais elle devait s’avouer que l’impatience lui rongeait l’esprit quant à la venue de certains membres.

« Arrêtes avec tes bêtises, James, nous en avons déjà parlé plusieurs fois. Ce dîner aura lieu et vous aurez, tous les trois, intérêt à vous tenir correctement. »
« Vous avez invité tout le monde ? demanda la jeune femme, peu concernée par la menace de son père. »
« Je crois bien, oui, notamment les Scamander et la fille Greengrass. »
« Qui ça ? »

Lily en abandonna son bouquin. Eléane ? Pourquoi ? Pour deux coups de baguette lancés en faveur de l’OdP ? L’animosité qu’avait la jeune femme ne s’était finalement pas tant dissipée que ça, contrairement à ce qu’elle avait pensé. Affichant un air désabusé, la rouquine cherchait, en vain, de la solidarité.

« Pourquoi elle ? Enfin, elle est avec Hobbes ! »
« Dois-je te rappeler que tu es avec un Dragonneau ? »

Ginny avait joué une petite carte. Une injustice de jugement pour Lily qui décida de ne pas répondre et de quitter le salon pour rejoindre le balcon de sa chambre. Elle savait pourtant que sa mère faisait aujourd’hui la différence, avait observé le changement de Jacob. C’était une manière simple de remettre sa fille à sa place et de lui inculquer encore les valeurs de ne pas se fier au passé.

***

Lily installa la dernière assiette en bord de table, énumérant une dernière fois les prénoms des invités à chaque couvert pour être sûre que le compte y était. Heureuse de s’être enfin débarrassée de cette tâche, elle rejoignit son frère sur le hamac du jardin qui se laissait aller aux balancements, d’un air pensif.

« Tout va bien ? »

L’obligeant à lui laisser une place, la petite sœur s’installa à son tour.

« A quoi tu penses ? »
« Je pense que je ne vais pas rester après le dîner. »
« Fais ce que tu veux tant que tu ne m’abandonnes pas en plein milieu ! plaisanta Lily »
« Non, promis ! D’ailleurs, tu devrais essayer de la connaître la Greengrass, Eléane, c’est ça ? Elle ne doit pas avoir un mauvais fond. Sauf si elle vient avec Matthias Hobbes. »
« Je sais bien. J’ai juste la rancœur d’une bataille. »

***

Les discussions allaient de bon cœur, les plats volaient au-dessus des têtes et des affinités se créaient ou se développaient. Une ambiance qui faisait plaisir à voir et chaud au cœur, jusqu’à ce qu’un plat manque de percuter le crâne de Ted assis à côté de la jeune fille qui le rattrapa de justesse. Après un fou rire conséquent, Lily se leva pour préférer la bonne vieille méthode de l’usage de ses mains afin de débarrasser en cuisine. Aidée par quelques invités, ce fut avec Eléane que la jeune fille se retrouva nez à nez. Manquant de faire tomber un verre sous la surprise, un coup d’œil lui fit observer qu’elles étaient les dernières debout. Elle ne put s’empêcher de penser aux paroles de son frère et décida une remarque un tant soit peu agréable.

« Contente que tu aies pu venir mais je t’avoue que tu as bien fait de ne pas emmener ton fiancé. »

Un sarcasme déplacé, certes, mais quiconque connaissait ou avait entendu parler du caractère de Lily savait que ses paroles se trouvaient parfois être injustes.
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Éléane I. Greengrass

Éléane I. Greengrass
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MessageSujet: Re: « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass.   « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass. EmptySam 18 Juil - 15:48

La journée était belle, elle avait des airs de printemps en plein été. Cette douceur n’était pas familière à la capitale française, toujours surchargée de voitures et d’une masse d’anonymes bien trop pressés. Mais la jeune femme, bercée par les murmures étrangers, contemplait une fois de plus toutes ses splendeurs se refléter sur la Seine. Accoudée sur un pont oublié de la ville, perdue entre quelques arbres immenses, elle se prenait à rêvasser sans autre préoccupation que celle de s’attarder distraitement sur le visage de parfaits inconnus. L’air était léger, il faisait bon vivre, et rien n’aurait pu la déranger dans ses divagations, si ce n’est peut-être quelques coups de becs hâtifs dans sa chevelure, bientôt suivis de quelques mordillements le long de son oreille. Surprise, elle sursauta et détacha le parchemin enroulé autour de la patte de l’animal qui l’assaillait sous le regard curieux de quelques moldus qui traversaient le pont. Elle ne leur prêta pas attention. Les Potter l’invitaient, elle et d’autres membres de l’Ordre, à un repas chez eux le lendemain, et l’idée lui plaisait. Paris était séduisante en cette période, mais la sorcière avait dans la bouche des goûts d’Angleterre de plus en plus entêtants, et se sentait d’autant plus charmée par cette perspective qu’elle lui permettrait de s’exprimer dans sa langue maternelle plusieurs heures consécutives.

La nuit était déjà tombée quand elle se décida à rentrer chez elle. Posé sur un fauteuil, Matthias y feuilletait un exemplaire de La Gazette du sorcier qu’ils avaient continué à se faire livrer depuis bientôt deux ans et, tout inébranlable qu’il était quand il lisait, c’est à peine s’il remarqua sa présence. Sans s’en préoccuper davantage, elle se servit un verre d’eau, le reposa sur la surface vitrée et décida de l’extirper de sa solitude.

« Les Potter m’invitent à manger chez eux demain avec d’autres membres de l’Ordre », dit-elle simplement.
Le jeune homme lui répondit sans détacher les yeux de son journal : « Tu vas y aller ? ». Il  ne paraissait pas le moins affecté du monde, mais elle savait néanmoins qu’elle avait toute son attention.
« Je crois bien, oui. Que feras-tu ? »
« Lire ».

Le devinant légèrement contrarié, elle s’amusa de son faux mutisme et sourit avant de retourner à ses propres occupations.

***

Les bras chargés des emplettes qu’elle n’avait pas eu la volonté de faire la veille, elle pénétra dans l’appartement dont la porte s’était spontanément ouverte et déposa les paquets sur le plan de travail. Un coup de baguette et chaque objet trouva une place adéquate dans la pièce de vie. Enfin, un furtif coup d’œil circulaire lui apprit que Matthias n’était pas là. Peu alarmée par cette absence, elle haussa les épaules et partit se préparer en vue du repas auquel elle avait été conviée la veille.

***

La table était recouverte de mets variés et, alors qu’à l’extérieur, le crépuscule peignait de nouvelles nuances au paysage et garnissait la pièce de teintes orangées, tous riaient, blaguaient ou conversaient de bon cœur. On n’avait que très peu parlé politique, si ce n’est peut-être pour écouter Ron raconter comment il avait pris l’apparence de Reginald Cattermole lorsque, autrefois, le célèbre trio avait infiltré le Ministère de la magie. Mais il s’agissait plus d’amuser l’assemblée que de véritablement parler politique. Personne, en vérité, ne semblait être venu dans une autre optique que de celle de passer un moment agréable ; et un simple étranger aurait sans doute vu là un charmant portrait de famille.

Attablée aux côtés de Luna Lovegood, Éléane l’écoutait conter les histoires les plus fantasques et s’émerveillait de la fertilité de son esprit et de la délicatesse candide de ses paroles. Pour autant, l’ancienne héroïne de guerre n’était en rien ingénue, ce qui renforçait la fascination de son interlocutrice, qui s’esclaffait volontiers avec elle.

Le plat principal terminé, une assiette vola et manqua de percuter de plein fouet le visage de Ted Lupin, ce qui valut aux Potter ainsi qu’aux autres convives un fou rire incontrôlable. Dans l’hilarité générale, on décida donc que, par souci de sécurité, il serait plus sage de débarrasser la table sans avoir recours à la magie, et chacun mit la main à la pâte. C’est ainsi que quelques minutes plus tard, Éléane se retrouva seule dans la cuisine en compagnie de Lily qui ne s’était de toute évidence pas préparée à cette éventualité. Visiblement déconcertée, la rouquine faillit briser un verre. La stupeur se lisait sur son visage ainsi que, vraisemblablement, une pointe d’animosité. Elle n’était manifestement pas particulièrement ravie d’accueillir son ancienne camarade de maison chez elle, ce que cette dernière, sans y avoir vraiment réfléchi, comprenait, mais n’était pas pour autant désireuse de relever.

« Contente que tu aies pu venir mais je t’avoue que tu as bien fait de ne pas emmener ton fiancé. »

La remarque, probablement tentée accommodante, avait un ton acerbe, sur lequel l’ancienne Gryffondor ne souhaitait pas rebondir. Autrefois, très certainement, elle aurait riposté de manière condescendante et se serait satisfaite de l’une ou l’autre tournure d’esprit hautaine, mais les années et les événements l’avaient assagie. Et dans le contexte actuel, c’étaient d’amis dont tous avaient besoin, et non d’ennemis supplémentaires. Et bien qu’elle conçoive le ressentiment de la plus jeune Potter, celle-ci n’était en rien réciproque. N’avaient-elles pas partagé la même salle commune, il n’y a pas si longtemps ? La prise de position de la cadette Greengrass, ou plutôt son manque de prise de position lors de la rébellion contre Branstone avait nourri la méfiance de Lily à son égard, elle en était certaine, et Matthias avait alimenté celle-ci. Et cela, elle le concevait. Aussi se décida-t-elle de répondre calmement et de façon détachée.

« Matthias n’a pas sa place ici, et il le sait »

Pour tout dire, elle n’avait même pas songé à lui proposer de l’accompagner. Leurs idéaux différaient trop, mais qu’en savait l’étudiante, après tout ? Il lui serait d’ailleurs tellement facile de rétorquer qu’elle non plus n’avait pas sa place parmi eux. Ce à quoi elle lui répondrait tout aussi aisément que ses relations la mettaient en bien mauvaise posture pour en juger. Et cette discussion s’avérerait tout aussi stérile qu’inutile. Elle sourit donc naturellement avant d’ajouter, devant l’air contrit de Lily, quoiqu’avec un léger scepticisme :

« Ne crois pas que je ne perçois pas l’ironie de tes propos, mais je n’ai pas envie de m’enfoncer là-dedans. Alors je vais simplement faire comme si je n’y avais rien entendu et te remercier de ton chaleureux accueil ».

Sur ces quelques mots, elle posa le tas d’assiettes sales qu’elle tenait dans les mains sur le plan de travail en même temps que le chant de la bouilloire se faisait entendre. Sans s’en formaliser, elle se retourna vers elle pour lui répondre posément et avec sérénité :

« Merci ».

Enfin, détaillant le visage dans lequel elle percevait par moments les expressions plus matures de Ginny Weasley, elle acheva, souriante :

« Je crois que tu as oublié l’eau du thé. Tu veux un peu d’aide ? »
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Lily L. Potter

Lily L. Potter
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MessageSujet: Re: « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass.   « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass. EmptyJeu 30 Juil - 16:48

« Matthias n’a pas sa place ici, et il le sait. »

Rien que l’évocation de ce prénom qu’elle n’avait jamais pensé pouvoir redouter, arracha une grimace gênée à Lily. Ils s’étaient côtoyés. Presque parfois appréciés et depuis, ne s’étaient plus revus, ni même croisés au détour d’une rue. Cela faisait même des années que la jeune fille n’avait pas eu l’écho de l’évocation de son nom quelque part avant que James en fasse la remarque l’après-midi précédent ce dîner. Jacob n’en parlait plus non plus. Parfois silencieux, il semblait ressasser le passé au point de s’en scarifier les souvenirs pour en oublier certains plus facilement.

L’ironie de la situation l’a fit sourire discrètement tandis qu’elle amassait les assiettes et couverts dans l’évier avant de lancer un sort de nettoyage. Éléane avec Matthias, Lily avec Jacob. Lily ne pouvait pas juger de la nature de la relation qui unissait aujourd’hui les deux jeunes hommes, elle se disait même quelques fois que Jacob lui cachait des détails, bien que ce ne soit pas dans ses habitudes. Malgré ces sauts d’humeur et quelques désaccords sur des broutilles, il filait le parfait amour. Enfin. Et c’est un nouveau souffle que la jeune fille découvrait depuis bientôt huit mois à ses côtés.

Un sentiment que devait partager la grande et jolie brune qui se trouvait en face d’elle, bien déterminée à ne pas rester sur ces malentendus.

« Ne crois pas que je ne perçois pas l’ironie de tes propos, mais je n’ai pas envie de m’enfoncer là-dedans. Alors je vais simplement faire comme si je n’y avais rien entendu et te remercier de ton chaleureux accueil. »

La bouilloire siffla entre les tintements des assiettes qu’Éléane posa sur le plan de travail et que Lily suivi des yeux afin de ne pas croiser ceux pétillants de sa voisine. La réalité était encore dure à accepter pour elle alors qu’elle en faisait croire l’inverse à son entourage. La situation actuelle du pays ne l’arrangeait en rien et c’est tous les jours que sa peur lui broyait l’estomac à propos de son compagnon dont certains connaissaient le secret. A chacun attendait son sort, d’une manière ou d’une autre, d’un moment à un autre. C’en était épuisant.

« Merci. »

À cet instant, Lily voulu s’adoucir. Voulu prouver à Éléane que son idée était faussée comme la sienne l’avait été. Enfin, comme elle se faisait croire à elle-même qu’elle l’avait été. Toute la sincérité de la rouquine apparut sur son visage quand son aînée lui proposa de l’aide pour la préparation du thé. Un sourire accepta sa demande et la fille des Potter laissa faire Éléane tandis que les discussions avaient repris de plus belle dans la salle à manger depuis quelques minutes maintenant.

« Merci pour ton aide. »

Ses cordes vocales ratèrent un son, l’empêcha de paraître sûre d’elle. À ses yeux, les deux femmes ne pouvaient rester sur de simples paroles. Et surtout, sur une moitié d’honnêteté.

« Allons boire notre thé dans le jardin, toutes les deux. Il fait bon ce soir, la nuit va être chaude, je pense. »

Une banalité qui appuya son mouvement de tête en direction de la salle où chacun semblait plonger dans les histoires de Ron qu’il s’amusait à conter depuis le début du repas.

***

Lily avait invité Éléane à se prélasser dans un des hamacs que la fratrie avait installés entre quelques arbres. Comme deviné, la nuit s’annonçait chaude puisqu’une simple fine brise de vent faisait danser les chevelures des jeunes femmes. Leur tasse de thé entre les mains, chacune semblait, de loin, observer les étoiles se formant au dessus de leur tête, les autres convives ayant à peine remarquer leur isolement, trop absorbés par les histoires de chacun. Laissant sa trachée s’adoucir du liquide brûlant, Lily laissa ses pensées s’exprimer à voix haute.

« À vrai dire, j’ai toujours pensé que tu as été la plus intelligente de tous. Tout ce beau monde qui se battait à Poudlard, pour une raison ou une autre, justifiée, ou non. Je dois avouer qu’au-delà des idéaux, c’est mon nom de famille qui m’a poussé à prendre partie. Parfois, je me frustrais même pour des choses que je ne comprenais pas tant que ça. Et un jour, je t’ai vu baguette en main. Une fois de mon côté, une fois de l’autre. Et j’ai, je crois, compris que tu n’étais pas tant là pour défendre un parti mais pour faire le moins de dégâts. Le moins de blessés, le moins de morts. Et j’ai vu que tu étais prête parfois à te sacrifier toi-même. Alors je crois que je t’ai toujours, d’une certaine manière, respectée. La seule chose qui me dérangeait est que je croyais aux rumeurs qui t’unissaient à Matthias et que j’espérais chaque jour que le destin m’unisse à Jacob. »

Un sourire amusé quant à sa jalousie passée appuya ses dernières paroles tandis qu’il s’adressait à Éléane. Le hamac tanguait légèrement et adroitement de droite à gauche, berçant Lily de douceur face à cette nuit qui se profilait.

Les souvenirs remontaient à la surface de la mémoire de la jeune rousse qui s’en laissa envahir les yeux. La Tour d’Astronomie avec Matthias, la Salle sur Demande avec Jacob, symbolisant leur première rencontre, les escaliers d’une tour où leurs liens s’étaient inconsciemment définis, le match de Quidditch où Lily ne pensait plus pouvoir revoir Matthias, ne serait-ce qu’en peinture. Certaines images ne se discernaient même pas tant elles passaient rapidement dans son esprit. Elle pensait à sa fausse maturité de l’époque, à la véritable aussi, qu’elle avait développé au travers de Lorcan. Un certain caractère qui ne se définissait qu’avec lui. Une rêverie dont elle s’extirpa pour croiser à nouveau le regard d’Éléane dont elle venait de dévoiler le plus profond de ses pensées, sans même réfléchir à l’éventualité de pouvoir lui accorder une confiance en si peu de temps. Mais, comme elle s’efforçait de le faire comprendre par les traits de son visage, Lily comprenait que la rancune devait être enterrée, et ce, seulement de son côté.

« Je suis désolée, pour ma remarque de tout à l’heure. Je ne souhaite pas te faire de mal et tu es la bienvenue chez nous. Je pense et j’espère avoir suffisamment grandi aujourd’hui pour que nous puissions bien nous entendre. »

Laissant couler la dernière gorgée de son thé, Lily accorda un sourire en demi-lune au-dessus de sa tasse, espérant sincèrement à la lucidité de la jeune brune pour croire en ses paroles.
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Éléane I. Greengrass

Éléane I. Greengrass
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MessageSujet: Re: « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass.   « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass. EmptyMar 4 Aoû - 18:53

« Merci pour ton aide. »

L’évocation du nom de Matthias avait contrarié les traits de la jeune rousse, mais ils avaient finalement convergé vers un sourire gêné, peut-être plus adressé aux assiettes moussantes qu’à son interlocutrice. Bien sûr, Éléane n’avait pas été étrangère à la relation qui avait lié la fille Potter et l’ancien Serdaigle ni même à l’amitié qu’avaient développée ce dernier et Jacob, mais elle ne s’en était, à vrai dire, jamais préoccupée. À cette époque, si ce n’est peut-être durant l’hiver de leur sixième année, les animosités et amitiés en tous genres de l’instable Matthias Hobbes avaient été le cadet de ses soucis. Elle s’était contentée d’être proche de lui, comme elle l’avait été depuis plusieurs années déjà, et de ne garder que le positif de leur attachement. Se soucier du reste ne lui aurait, et elle le pensait encore, rien apporté de bon, se montrer jalouse encore moins. Et la jalousie n’était, en définitive, un sentiment qui ne la piquait que très rarement.

Encouragée par un nouveau sourire voilé de la demoiselle, elle l’avait donc aidée à faire ce geste simple qu’était servir le thé. D’aussi loin qu’elle se souvienne, il ne lui avait pas souvent appartenu de servir elle-même le thé à des invités, et moins encore dans une demeure qui n’était pas la sienne : d’usage, c’était Dorea qui s’était acquittée jour après jour de cette tâche lorsqu’elle vivait chez ses parents ; Jakby, l’elfe de Matthias, leur rendait aujourd’hui ce service et insistait même pour l’assister lorsqu’elle était seule, ce qu’elle refusait souvent. Elle n’y avait pas été habituée, mais n’avait étrangement pas pour autant été embarrassée de rendre ce service à la belle dont la figure s’était adoucie quand elle lui avait proposé son aide. La maison des Potter regorgeait d’une chaleur qu’elle n’avait jamais connue auparavant mais à laquelle elle était heureuse de pouvoir goûter. Lily n’avait probablement pas conscience de la chance qu’elle avait eu de grandir dans un foyer aimant. Pour elle, tout cela devait relever de l'évidence : les familles étaient unies, les familles s’aimaient. Les vraies familles, sans doute, le faisaient. C’était de là, certainement, dont venait la force de caractère douce qu’Éléane décelait dans la personnalité de cette Lily qui, en ce moment, avait l’air confuse de lui avoir fait part de son ressentiment. Elle ne lui en tint pas rigueur et lui indiqua d’un léger signe de la tête que l’aider était tout ce qu’il y avait plus normal, ce qui incita la rouquine à lui offrir d’aller boire leur propre thé dans le jardin.

À l’extérieur, une légère brise venait rafraîchir l’air caniculaire du jour. Le jardin, plongé dans l’obscurité, n’était éclairé que par les lueurs provenant de la maison où tous écoutaient les histoires de chacun. Déliant ses doigts sur sa baguette, Lily donna vie aux quelques bougies qui parcouraient les lieux et l’invita à prendre place sur l’un des hamacs coincés entre quelques arbres solides. Certains d’entre eux, perdus sous le reflet des étoiles, semblaient raconter mille histoires enfantines à la voûte du ciel. Éléane se surprit un instant à les imaginer, à inventer les bambins qu’avaient été les trois jeunes Potter. Dans la douceur du soir, elle pouvait presque les entendre rire et gambader sur l’herbe gracile. C’était une fratrie attachante qui se déployait sous ses yeux, et ce constat l’apaisait, lui donnait confiance en l’étudiante qui laissait tanguer son hamac à ses côtés. Une confiance nécessairement non partagée, mais qui naîtrait peut-être, à force de temps et de persévérance. Les choses délicates demandent toujours d’être nourries de temps, mais n’en grandissent que plus fortes. Et Éléane avait toujours su faire preuve d’une patience redoutable. Et tout particulièrement en cette soirée où même son compagnon ne l’attendait pas, elle avait le temps. C’était idéal, puisque Lily paraissait décidée à ne pas se contenter d’apparences et qu’elle avait décidé la suivre dans cette idée.

Détaillant les astres, sa voisine se mit à parler, simplement, et en toute franchise :

« À vrai dire, j’ai toujours pensé que tu as été la plus intelligente de tous. Tout ce beau monde qui se battait à Poudlard, pour une raison ou une autre, justifiée, ou non. Je dois avouer qu’au-delà des idéaux, c’est mon nom de famille qui m’a poussé à prendre partie. Parfois, je me frustrais même pour des choses que je ne comprenais pas tant que ça. Et un jour, je t’ai vu baguette en main. Une fois de mon côté, une fois de l’autre. Et j’ai, je crois, compris que tu n’étais pas tant là pour défendre un parti mais pour faire le moins de dégâts. Le moins de blessés, le moins de morts. Et j’ai vu que tu étais prête parfois à te sacrifier toi-même. Alors je crois que je t’ai toujours, d’une certaine manière, respectée. La seule chose qui me dérangeait est que je croyais aux rumeurs qui t’unissaient à Matthias et que j’espérais chaque jour que le destin m’unisse à Jacob. »

Tout en écoutant ce beau discours, Éléane se prenait à sourire. Ce que Lily avait prit pour de l’intelligence n’avait été que couardise, elle ne s’en cachait plus aujourd’hui. Un camp, elle en avait, au fond, toujours eu un, mais il avait, au cours de son adolescence, été difficile de l’affirmer, et la finesse d’esprit était totalement étrangère à ce choix. Tout comme le nom de Potter avait influencé la conduite de Lily, celui de Greengrass avait influencé celle d’une Éléane pas encore prête à s’en distancier, que cela soit en acte ou en pensée. Car s’il y avait aujourd’hui longtemps que son prénom avait effacé l’illustre nom qu’on lui avait demandé de porter, de farder et d’exposer comme un objet de valeur, elle avait mis du temps à s’en détacher. Mais qui pouvait leur reprocher, à Lily et à elle-même, d’avoir été des adolescentes, de simples ébauches d’adultes perdues dans un capharnaüm dans lesquels les politiques eux-mêmes s’étaient égarés ?

Quant aux rumeurs qui, déjà sur les bancs de l’école, avaient fait d’elle et de Matthias un couple, elles avaient été nombreuses. Rien d’étonnant. En bons collégiens imbus d’eux-mêmes, Matthias et elle avaient toujours su faire parler d’eux chacun de leur côté et à leur façon, et ce dernier en avait beaucoup joué. Il n’était dès lors pas surprenant que leur proximité ait fait naître des on-dit de toutes sortes. Ils s’en étaient amusés longtemps, de ces ragots ; à deux ils s’étaient sentis invincibles, au-delà des qu’en dira-t-on. Des murmures, il y en avait eu à foison, des plus farfelus aux plus réalistes. Combien de fois n’avaient-ils d’ailleurs pas ri à l’idée que certains les imaginent ensemble ? C’était, à l’époque, totalement hors propos : leur amitié était censée rester ce qu’elle était : une belle amitié. C’était un pacte tacite, en quelques sortes. Et pourtant… ils étaient idiots, ils avaient dix-sept ans. Et la future avocate qui avait mangé de ces rumeurs comme les pigeons le pain sec n’était alors qu’une enfant. Elle n’était d’ailleurs pas bien certaine de savoir pourquoi elle s’attardait sur ce sujet aujourd’hui, ou peut-être que si, au fond. Étaient-ils vraiment moins stupides maintenant qu’ils avaient grandi ?

Lily, sans aucun doute, avait gagné en sagesse et maturité. En cet instant, elle la regardait de ses grands iris clairs, un sourire aimable rehaussant ses lèvres fines. Tant d’authenticité ne pouvait rester sans réponse, et Éléane voulut prendre à son tour la parole, mais la jeune femme continua :

« Je suis désolée, pour ma remarque de tout à l’heure. Je ne souhaite pas te faire de mal et tu es la bienvenue chez nous. Je pense et j’espère avoir suffisamment grandi aujourd’hui pour que nous puissions bien nous entendre. »

Enfin, la jeune Potter but une dernière gorgée de son thé et étira ses pommettes vers elle en guise de conclusion, expression qu’elle lui rendit spontanément. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il convenait de lui répondre, elle n’était pas accoutumée à tant d’élans de franchise, elle essayerait néanmoins.

« Je te remercie pour ton honnêteté, ton humilité aussi, et cette fois, très sincèrement pour ton accueil. Je dois t’avouer que je n’ai jamais été très douée pour parler de moi-même et de mon ressenti. Par respect pour toi, je vais essayer, ne m’en veux pas si je suis maladroite. »

Ce disant, elle marqua une pause et, comme pour se donner du courage, bu une gorgée du breuvage sucré qu’elle tenait étroitement entre ses mains.

« Il me semble que j’ai quitté Poudlard depuis une éternité déjà. C’est vraisemblablement le cas. À l’époque, je n’étais qu’une adolescente effrayée, je n’avais assurément pas réellement conscience de mes limites et moins encore de celles des autres. Cette amitié que j’entretenais avec Matthias… je ne vais pas te mentir, j’ai parfois aimé susciter quelques jalousies, peu importe leur nature. Mes intentions n’étaient pas mauvaises, c’était davantage un jeu. J’aimais simplement puérilement avoir l’impression de tenir une place à laquelle d’autres n’avaient pas droit. Mais je crois qu’au fond, je n’ai jamais voulu blesser personne, et moins encore quelqu’un comme toi. »

Tout en parlant, elle avait caressé le velours bleu de la nuit de son regard gris. L’azur était magnifique de grandeur, mais c’était néanmoins désormais à Lily qu’elle accordait toute son attention. Tout en espérant qu’elle percevrait la sincérité de ses paroles, elle tentait d’interpréter les mouvements que dessinait son visage. Elle continua :

« Ce n’est pas par bravoure que je n’ai pas choisi de camp à Poudlard… je n’en n’avais pas le cran. J’étais très jeune quand j’ai cessé de croire que le sang donnait aux gens un avantage légitime. Trop jeune peut-être pour oser affronter mes parents. Alors je n’ai pas choisi, j’ai aidé comme je le pouvais. Et puis un jour, je me suis retrouvée dans un hôpital, un peu par hasard. Je n’étais pas venue défendre une cause, je voulais empêcher mon frère de jouer avec sa vie. Mais contrairement à ce qu’il avait laissé croire, il n’était pas là. Mais quand on a les mains dans la poussière et le sang, fuir est beaucoup moins aisé, et j’étais fatiguée de faire semblant. Tu vois, je n’ai pas été mieux avisée que les autres, j’ai pris parti, et me voilà aujourd’hui, assise à tes côtés à t’expliquer comment j’en suis arrivée là. La neutralité est peut-être le chemin le plus respectable, mais c’est aussi le plus difficile à gravir. Je n’ai pas cette force-là, et je ne suis pas certaine de pouvoir accepter de vivre sous le joug d’une tyrannie en faisant semblant que cela ne m’affecte pas. »

Bien que quelque peu déconcertée d’oser se livrer de la sorte, elle sourit. S’exprimer de cette façon ne lui était ni une chose naturelle ni une chose facile, mais elle apprenait peu à peu l’intérêt de parfois remplacer sa fierté et son orgueil par de la franchise et une ouverture à l’autre. Et elle en était persuadée, Lily ne la décevrait pas.

« C’est un long discours, peut-être un peu vide, que je viens de faire là. Mais je crois que l’essentiel était de dire que, moi non plus, je n’ai pas voulu faire de mal, pas plus à toi qu’aux autres. J’ai seulement cherché la voie qui me permettrait d’être moi-même. Il est étrange qu’elle me mène aujourd’hui sous ton toit, mais je crois que j’apprécie cela, et je te remercie d’avoir le courage de voir au-delà de tes anciennes rancunes pour m’accueillir avec tant de sincérité. »

Et disant ces quelques mots, elle jeta un dernier regard amical à Lily et reporta son attention sur le paysage, qu’elle effleura un distraitement de ses prunelles argentées tout en savourant les caresses de nocturne du souffle qui s’engouffrait dans ses cheveux. C’était Lily, probablement, qui voyait juste.

« C’est un charmant foyer, que tu as là. »

Ce disant, elle la considéra à nouveau avec bienveillance et s’accota légèrement sur le hamac qui dansait au gré des caprices du vent.

« Tu as sans doute raison, la nuit va être belle ».
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Lily L. Potter

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MessageSujet: Re: « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass.   « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass. EmptyDim 16 Aoû - 13:29


La maladresse. Souvent associée à la notion d’inconscience selon la définition d’un des plus grands philosophes autrichiens du monde moldu, faisant référence aux bons nombres d’actes dont nous ne voulons pas nous attribuer la culpabilité. Pouvons-nous être réellement maladroit lorsqu’il s’agit de nous ? Ne sommes-nous plutôt pas angoissé par l’idée de nous livrer à quelqu’un que par le fait même de ne plus se mentir à nous-même ? Lily avait particulièrement du mal à saisir ce concept de maladresse mais comprenait l’effort qu’Éléane s’apprêtait à faire. Il était évident que le respect s’était instauré entre les jeunes femmes, dépassant le stade même de faire parce qu’on doit le faire. Elles semblaient aussi commencer à s’apprécier. Si ce n’était pas déjà fait.

« Il me semble que j’ai quitté Poudlard depuis une éternité déjà. C’est vraisemblablement le cas. À l’époque, je n’étais qu’une adolescente effrayée, je n’avais assurément pas réellement conscience de mes limites et moins encore de celles des autres. Cette amitié que j’entretenais avec Matthias… je ne vais pas te mentir, j’ai parfois aimé susciter quelques jalousies, peu importe leur nature. Mes intentions n’étaient pas mauvaises, c’était davantage un jeu. J’aimais simplement puérilement avoir l’impression de tenir une place à laquelle d’autres n’avaient pas droit. Mais je crois qu’au fond, je n’ai jamais voulu blesser personne, et moins encore quelqu’un comme toi. »

Davantage à un jeu ? Réellement ? N’avait-elle jamais eu de véritables sentiments pour Matthias ? Éléane ne s’était-elle pas dit que le fils Hobbes puisse être l’homme de sa vie comme il s’apparentait l’être depuis quelques temps ? Lily pensait à la vitesse d’une fusée pendant que la jeune femme s’accordait une pause. Sincèrement, cela relevait-il tout simplement d’une place d’exception ? Il était bien sûr évident que pendant toutes ces années, la question n’avait pas été de faire volontairement ou non, du mal à l’une ou à l’autre. Avaient-elles seulement conscience de l’existence de l’autre en dehors des batailles qui les avaient réunis ? Lily tourna son visage vers Éléane, celle-ci pivotant le sien dans le même temps. Une douceur incroyable s’échappait de ses prunelles, une sincérité suintant de son regard tout entier. La jeune rouquine garda le silence. Il y en avait plus qui allait être dit et ce soir promettait de rester graver dans les mémoires de ces jeunes femmes qui échangeaient leur première réelle discussion.

« Ce n’est pas par bravoure que je n’ai pas choisi de camp à Poudlard… je n’en n’avais pas le cran. J’étais très jeune quand j’ai cessé de croire que le sang donnait aux gens un avantage légitime. Trop jeune peut-être pour oser affronter mes parents. Alors je n’ai pas choisi, j’ai aidé comme je le pouvais. Et puis un jour, je me suis retrouvée dans un hôpital, un peu par hasard. Je n’étais pas venue défendre une cause, je voulais empêcher mon frère de jouer avec sa vie. Mais contrairement à ce qu’il avait laissé croire, il n’était pas là. Mais quand on a les mains dans la poussière et le sang, fuir est beaucoup moins aisé, et j’étais fatiguée de faire semblant. Tu vois, je n’ai pas été mieux avisée que les autres, j’ai pris parti, et me voilà aujourd’hui, assise à tes côtés à t’expliquer comment j’en suis arrivée là. La neutralité est peut-être le chemin le plus respectable, mais c’est aussi le plus difficile à gravir. Je n’ai pas cette force-là, et je ne suis pas certaine de pouvoir accepter de vivre sous le joug d’une tyrannie en faisant semblant que cela ne m’affecte pas. »

Un réel vide apparut. Dans leur espace temps mais également dans l’esprit de Lily qui ne s’attendait non seulement pas à ce que son invitée se livre autant mais encore moins à ce qu’elle utilise des termes aussi fort pour définir chacun de ses actes. Cela relevait d’une incroyable confiance qui était en train de se construire entre les deux jeunes femmes. L’honnêteté avait été différente. Lily avait parlé de son ressenti, Éléane de ce qu’elle était. Ce qu’elle avait pensé, fait, réalisé. Suggéré pour son bien-être. Certaines rancunes de la part de la rouquine devinrent subitement insensées. Éléane n’avait été qu’une élève tout aussi perdue que les autres dans un dédale de guerres qui n’étaient pas les leurs. Lily devait le reconnaître, elle avait beau devenir une femme, elle savait que sa place n’avait jamais été à Poudlard pour tous ces évènements passés. Elle se rendait compte que ça en avait été de même pour la jolie brune qui se tenait à ses côtés durant le peu d’années qu’elles avaient pu partager.

Déroutée par cette discussion qu’elle avait pourtant voulue, Lily acquiesça légèrement de la tête en regardant le ciel étoilé avant d’à nouveau tourner ses yeux vers Éléane qui continua.

« C’est un long discours, peut-être un peu vide, que je viens de faire là. Mais je crois que l’essentiel était de dire que, moi non plus, je n’ai pas voulu faire de mal, pas plus à toi qu’aux autres. J’ai seulement cherché la voie qui me permettrait d’être moi-même. Il est étrange qu’elle me mène aujourd’hui sous ton toit, mais je crois que j’apprécie cela, et je te remercie d’avoir le courage de voir au-delà de tes anciennes rancunes pour m’accueillir avec tant de sincérité. »

Quiconque se serait trouvé avec elles dans le jardin des Potter aurait remarqué que Lily s’était fait prendre par surprise au regard de ses yeux incrédules. Une telle honnêteté s’échappait d’Éléane que la jeune fille en avait été déstabilisée, habituée des mensonges et cachoteries depuis des années. Particulièrement des cachoteries. Une contrariété qui se lut sur son visage à l’instant où cette pensée lui traversa l’esprit. Elle n’avait cessé d’être silencieuse et soudainement, l’idée d’avoir trouvé quelqu’un vers qui se tourner dès que tout lui échappait, d’avoir trouvé quelqu’un qui pourrait lui éclairer le chemin, d’avoir trouvé quelqu’un qui avait ses opinions mais savait respecter celles des autres, lui apparut comme un songe. Cette grande brune qui se balançait au rythme de la brise sur son hamac ne semblait décidemment pas réaliser à quel point elles pourraient se lier. Et particulièrement à quel point elle avait touché un point sensible chez la jeune femme grâce à ses paroles sans artifices.

« C’est un charmant foyer que tu as là. »

Un sourire accompagna ses prunelles brillantes d’une légère humidité. La Lily de vingt ans, en plein dans le pas qui la ferait passer entre l’adolescence et l’âge adulte apparut aux rayons de la lune au-dessus d’elles.

« Tu as sans doute raison, la nuit va être belle. »
« Merci pour tous tes mots. Parfois, j’aimerai partager ces nuits avec Jacob. Alors, je suis contente de pouvoir la partager avec toi, ça faisait longtemps que je n’avais pas été accompagné sur ce hamac, même mes frères commencent à abandonner la maison. »

Une ironie qui rappela à la jeune fille son statut de cadette. Elle ne s’était jamais vu vivre seule avec ses parents, sans ses frères, ce pourquoi elle comptait partir en même temps qu’eux du domicile familial, si ce n’est avant eux et c’est également ce pourquoi elle remerciait Lorcan de lui avoir fait cadeau de cette maison dans le sud de la France où elle pouvait s’y évader chaque fois qu’un quelconque sentiment devenait trop lourd à porter. A chaque fois que Jacob ne revenait pas.

« Puis-je te confier quelque chose de tout aussi personnel, Éléane ? Je crois que nous venons de dépasser le stade des conventions et que d’ici quelques temps, nous pourrons nous qualifier d’amies. »

Une seconde de réflexion et Lily esquissa un rire.

« Voilà pourquoi ma précédente question en devient ridicule. »

Un rayon lunaire refléta le bleu de ses yeux. Un bleu qu’elle aimait chez sa mère. La pensée de se confier à une connaissance, certes de longue date, alors qu’elle s’apprêtait à parler de ce qu’elle refusait de dire à sa propre mère l’étonna elle-même. Peut-être Éléane la comprendrait-elle comme elle avait réussi à construire sa vie avec Matthias.

« La sincérité de tes paroles me touchent parce que je crois que c’est bien la première fois que je n’ai pas de cachoteries sur quelconque sentiment ou activité avec quelqu’un. Tu me donnes l’impression de pouvoir compter sur toi. C’est sûrement excessif, je te l’accorderai si tu le penses, mais je vis avec des mystères depuis des années et encore plus depuis presque un an. »

Son visage qui trahissait le fait qu’elle était loin de se sentir apaisée pivota vers Éléane.

« Jacob refuse de me parler de ses cinq ans d’absence. De silence. C’est… c’est comme s’il avait effacé de sa propre mémoire son existence pendant cinq ans. Cinq longues années où Dieu seul sait où il a pu être. J’ai l’impression de partager ma vie avec quelqu’un que je ne connais pas vraiment, à la finale. »

Ses prunelles se redressèrent sur le nuage d’étoiles au-dessus de sa tête.

« Et j’ai peur de perdre les pédales à cause de ça, tu vois ce que je veux dire ? De claquer toutes les portes et partir comme il l’a fait. J’imagine que tout le monde a voulu claquer la porte au nez de beaucoup de personnes au cours de leur vie. »

Un rire moqueur s’éleva doucement. Lily se redressa et se ressaisit en même temps. Assise en tailleur dans le creux du hamac, un sourire étincelant dissimula la vulnérabilité dont elle venait de faire preuve. Elle s’était accordée quelques secondes, il était temps de profiter de la sagesse d’une aînée.

« Tu es une personne raisonnable. Du moins, prudente. Je voudrais que tu saches que si tu as besoin, cette maison t’est ouverte. Je suis contente que nous ayons pu crever l’abcès et surtout, je suis heureuse de me sentir totalement neutre avec toi. Je ne crois pas que j’aurai confié à beaucoup de personnes que j’avais l’impression d’avoir un inconnu en guise de petit-ami. »

Cette fois-ci, ce fut un rire franc. Cela faisait à peine trois quarts d’heures que Lily avait invité Éléane à la suivre dehors. Et elle se sentait particulièrement sereine en sa présence. La bonne humeur fusait toujours du côté de la salle à manger où décidément, « tonton Ron » ne semblait pas vouloir abandonner les convives de ses histoires. Subitement, elle pensa à Matthias. Peut-être aurait-il pu avoir sa place s’il faisait preuve de la même présence d’esprit que sa compagne. Mais c’est à la vue de son père, les cheveux commençant à grisonner avec l’âge, qu’elle se dit qu’il n’aurait éventuellement pas été le bienvenu. Elle mesura la chance qu’elle avait d’être entourée de cette famille lorsqu’elle se rappela que tout le monde avait fait face à son oncle Fred, fermement contre sa relation avec Jacob. Tout le monde avait cru en elle et lui avait fait confiance. Pour une fois, un sentiment d’apaisement put se lire sur son visage, les yeux tournés vers les baies vitrées de la maison dont elles s’étaient éloignées de quelques pas. James lui fit un signe affectueux et Albus une grimace. Sa forme d’affection à lui.

Lily se concentra de nouveau sur Éléane. Sa mine avait changé, se faisait plus joyeuse et de meilleure humeur. Un nouveau désir s’était éveillé en elle. Encore une fois, elle ne savait où se trouvait Jacob ce soir, cependant, elle ne se sentait pas seule. Ces conversations lui permettaient de relativiser, de savoir que bientôt, elle aurait ses explications.

« Nous devrions apprendre à nous connaître un peu plus. Tu as seulement un frère, alors ? »

Voilà une conversation anodine qui lui plairait. L’heure n’était pas tellement avancée, elles avaient encore du temps devant elles, si ce n’est la nuit. Du temps pour rattraper celui qu’elles avaient perdu, particulièrement celui que Lily avait perdu à ne se fier qu’aux murs de Poudlard et à ce qu’ils ne souhaitaient que faire transparaître.
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Éléane I. Greengrass

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MessageSujet: Re: « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass.   « Cinq ans plus tard, nous avons fais notre chemin. » _ Éléane I. Greengrass. EmptyDim 6 Sep - 14:35

Une brise désinvolte faisait désormais flotter les herbes au gré de ses humeurs et, tout en parlant, Éléane s’était surprise à se laisser quelques instants bercer par cette douceur étourdissante. Lentement, sa caresse s’était immiscée dans ses veines, avait pris possession de sa chair, assoupli son souffle et déteint sur ses paroles. Ce ne fut pourtant que de simples murmures réservés qu’elle ne s’était pas entendue prononcer. L’atmosphère, sans doute, faisait cela. Et elle touchait Lily, également qui, ballotant au gré du vent, s’oubliait sous les étoiles.

« Merci pour tous tes mots. Parfois, j’aimerai partager ces nuits avec Jacob. Alors, je suis contente de pouvoir la partager avec toi, ça faisait longtemps que je n’avais pas été accompagnée sur ce hamac, même mes frères commencent à abandonner la maison. »

Jacob. Un personnage contrasté, oublié, revenu, disparu. Son nom effleura sa pensée et s’oublia quelque part au loin. Lily appréciait sa compagnie et même, la remerciait de cette sérénité impromptue. Le sentiment, même tu, était partagé, qui l’aurait dit ? Pour autant, contrairement à la sensation qui s’accrochait au bout des lèvres de la jeune Potter, Éléane n’avait jamais dépassé le stade des conventions, et n’était d’ailleurs pas certaine d’y parvenir un jour. Le voulait-elle seulement ? En deçà des convenances, il ne resterait d’elle probablement que quelques brouillons défaits, mal faits, impropres à ce qu’elle avait toujours été. Non, ce stade, elle ne l’avait jamais dépassé. Mais hier ou aujourd’hui, elle n’avait pourtant jamais éprouvé une quelconque aigreur ou un quelconque ressentiment à l’égard de Lily, et elle trouvait satisfaction en ce qu’elle puisse effleurer le mot d’amitié. Ces quelques lettres ne trouvaient pas souvent consistance dans sa bouche, mais elle savait apprécier leur valeur. En parler serait, par contre, mal aisé. Aussi se contenta-t-elle, pour marquer son assentiment, d’un sourire discret qui, sans interrompre le discours de la jeune femme, saurait la conforter dans celui-ci. Et la jeune femme, en effet, continua sur sa lancée.

« La sincérité de tes paroles me touche parce que je crois que c’est bien la première fois que je n’ai pas de cachoteries sur quelconque sentiment ou activité avec quelqu’un. Tu me donnes l’impression de pouvoir compter sur toi. C’est sûrement excessif, je te l’accorderai si tu le penses, mais je vis avec des mystères depuis des années et encore plus depuis presque un an. »

Les pieds d’Éléane s’ancrèrent fermement dans le sol et, tandis que ses prunelles passaient de la contemplation de celui-ci à celle du visage son interlocutrice, son hamac cessa de tanguer. Leurs regards se croisèrent. Dans l’iris de la rouquine se reflétaient les rayons de la lune, lueur lucide qui croisait celle de sa personnalité franche, mais quelque peu désorientée.

« Jacob refuse de me parler de ses cinq ans d’absence. De silence. C’est… c’est comme s’il avait effacé de sa propre mémoire son existence pendant cinq ans. Cinq longues années où Dieu seul sait où il a pu être. J’ai l’impression de partager ma vie avec quelqu’un que je ne connais pas vraiment, à la finale. »

Elle avait besoin de parler, et Éléane était surprise. Bien sûr, elle concevait que Lily puisse difficilement appréhender cinq ans de silence. Cinq ans, c’était terriblement long, et comparer ce temps avait celui qu’elle avait passé avec Matthias ne rendait la sensation de vertige que plus intense. Elle se souvenait à quel point elle-même avait pu être déçue de voir son ami fuir pendant quatre mois alors qu’ils ne se fréquentaient même pas encore. Quatre petits mois comparé à cinq longues années, le gouffre était immense et difficilement saisissable. Mais ce n’était pas tant le fond que la forme qui la décontenançait. Que la fille Potter lui révèle son ressenti quant à son compagnon sans plus de cérémonie, sans réserve ou retenue la déstabilisait. Elle ne s’y était pas attendue. Dans son monde, se laisser aller à s’exprimer de la sorte frisait l’indécence. Dans son monde. Jamais il ne lui serait venu à l’esprit de faire part à Lily de sa vie sentimentale ou de tout autre doute s’y rapportant. Même avec Matthias, dans l’intimité, cela avait relevé de l’épreuve. Elle railla intérieurement : « Ça te dérange si je te parle de ma relation avec Matthias ? » Non, ce n’était pas la direction à prendre. Lily était honnête et sincère, elle se devait de l’être également. D’essayer, du moins, mais elle doutait que cela soit aisé. Elle ne comprenait d’ailleurs pas pourquoi l’étudiante avait supposé qu’une vague connaissance élevée selon des principes stricts serait la meilleure confidente. Les confidences ne se faisaient-elles pas dans le cercle très fermé de l’amitié ? S’il paraissait évident aux yeux de la rouquine qu’un tel lien les unirait bientôt, n’avait-elle pas employé un futur un rien plus lointain que celui qui les avait menées à ce moment ? Éléane, sans s’opposer à l’idée, avait besoin de plus de temps et, ne comprenait toujours pas ce qui, en elle, encourageait Lily à s’épancher sur son couple.

La jeune femme, sûrement, comparait Jacob à Matthias, comme ils avaient été amis, et c’est pour ça qu’elle s’ouvrait à elle plutôt qu’à un autre. Mais Éléane aurait bien été en mal d’apaiser ses doutes. Elle n’avait aucune idée, d’ailleurs, de comment elle avait réussi à soulager les siens pour accepter le médicomage et sa foule de défauts insupportables, ni de comment lui-même avait pu souffrir ses propres faiblesses. Le respect, allié à l’acceptation du conflit comme composante inévitable de leur couple, se trouvait vraisemblablement être la première source de ce succès ; le temps la seconde. C’est ce dernier qui, en amour comme en amitié, façonne les attachements les plus sains et les plus durables.

…« Sains ». Cette pensée l’amusa, quoi que d’une façon un peu amère. Elle n’était absolument pas convaincue de pouvoir qualifier son histoire avec Matthias de « saine ». Non, à vrai dire, elle était même persuadée du contraire. Mais au moins se respectaient-ils, même en temps de conflit.

« Et j’ai peur de perdre les pédales à cause de ça, tu vois ce que je veux dire ? De claquer toutes les portes et partir comme il l’a fait. J’imagine que tout le monde a voulu claquer la porte au nez de beaucoup de personnes au cours de leur vie. »

Ce sentiment, elle ne le comprenait que trop bien. Elle-même n’avait-elle pas tourné le dos à sa propre famille ? Ou bien peut-être était-ce qui l’avait reniée, elle ne savait pas trop bien. N’avait-elle pas également préféré quitter Matthias, il y a longtemps déjà, plutôt que d’affronter son désir de vivre avec elle ? Ne l’avait-elle finalement pas suivi à Paris pour fuir un climat alourdi par bien trop de tensions ?

« Tu es une personne raisonnable. Du moins, prudente. Je voudrais que tu saches que si tu as besoin, cette maison t’est ouverte. Je suis contente que nous ayons pu crever l’abcès et surtout, je suis heureuse de me sentir totalement neutre avec toi. Je ne crois pas que j’aurai confié à beaucoup de personnes que j’avais l’impression d’avoir un inconnu en guise de petit-ami. »

Pour masquer son malaise, la sorcière s’enjoua d’un rire clair et accorda son attention aux convives qui, à l’intérieur, se régalaient toujours des histoires de chacun. L’ambiance était bon enfant et semblait régner comme seule maîtresse des lieux. Cette chaleur humaine, inhabituelle pour la fille Greengrass, la conforta dans l’opinion que l’abcès dont parlait Lily n’avait été qu’une rancœur personnelle, une rancœur dont elle n’avait pas vraiment pris conscience jusqu’alors, ou qu’elle n’avait peut-être pas voulu mesurer. Elle était néanmoins heureuse que celui-ci se résorbe enfin et qu’elle lui accorde cette confiance si inattendue et dont elle espérait, sans vraiment y croire, être digne.

« Nous devrions apprendre à nous connaître un peu plus. Tu as seulement un frère, alors ? »

Subitement, Lily changea de sujet et Éléane, tout en esquissant un sourire amusé, se détendit. Elles s’étaient toutes deux confiées, venaient maintenant les sujets anodins. Faire les choses dans l’ordre, très peu pour elles ! Et c’était probablement très bien ainsi.

Le dos droit, elle se tourna donc vers son interlocutrice et acquiesça avant de prendre fermement appui sur ses pieds et de faire quelques pas, offrant la vue de son dos à son hôte. Elle inspira, et enfin, se retourna pour lui faire face.

« Je n’ai qu’un frère, oui. Elegius, tu le connais. Enfin, je suppose que tu as dû le voir se pavaner dans les couloirs de Poudlard quand nous étions adolescents, il a bien veillé à ce que tout le monde sache qui il était. Il n’a qu’un an de plus que moi et… »

Elle marqua une brève pause et, à nouveau, sourit. Elle n’avait pas revu l’ancien Serpentard depuis cinq mois. Depuis la crise de colère que son père avait faite en apprenant sa présence lors de la bataille de Sainte-Mangouste, tous deux ne s’étaient plus que très peu fréquentés. Il ne venait en effet plus vers elle que pour lui faire part de remarques qu’il jugeait pertinentes, de ragots qu’il estimait croustillants ou pour critiquer ses choix de vie. Cette dernière option était d’ailleurs souvent la privilégiée et concernait, la plupart du temps, Matthias, sa vie à Paris, ses lubies politiques, Matthias, sa vie à Paris, et encore Matthias. De manière surprenante, ces deux-là ne s’appréciaient pas beaucoup. Mais elle ne reprochait ni à l’un ni à l’autre leur hostilité mutuelle : elle comprenait que son compagnon n’apprécie guère des attaques non justifiées et, de façon peut-être moins logique, pourquoi son aîné se sentait obliger de les mener. C’était sa façon à lui de rester proche d’elle sans avoir l’impression de s’impliquer dans une quelconque traîtrise à son sang. D’une façon ou d’une autre, malgré leur opposition farouche, elle le remerciait même de s’acharner aussi inutilement. Elle n’avait peut-être plus réellement de parents, mais tout au moins lui restait-il un semblant de frère, un frère qui espérait encore la faire changer pour dorer un peu plus son blason, certes, mais aussi, elle en était persuadée, dans la conviction folle que sa cadette ferait à nouveau un jour réellement partie de sa vie. Il ne le lui avait bien sûr jamais avoué, mais elle savait, et ses présences sporadiques étaient ce qui la raccrochait encore à un semblant de racines familiales.

« Je crains qu’il n’y ait pas grand-chose à ajouter. Mes histoires de famille ne sont pas des plus passionnantes. Mais parle-moi plutôt des tiennes. Tes parents, tes frères et toi faites tellement plaisir à voir. Je me souviens de vous trois mangeant des dragées surprises dans la salle commune ou disputant des parties de bataille explosive, vous faisiez parfois un tel tapage ! Vous aviez l’air réellement complices, même quand vous vous chamailliez »

Ce disant, elle accorda une œillade furtive à la fenêtre qui donnait sur la salle à manger où résonnaient de nouveaux éclats de rire.

« Ca n’a pas l’air d’avoir changé, d’ailleurs. J’imagine que vous avez dû partager beaucoup de jeux autour de ces hamacs, tout comme avec les amis de vos parents et leurs enfants. Ce n’est un secret pour personne, mais ils semblent toujours aussi proches qu’on le raconte »

Calmement, elle balaya les lieux du regard et s’adossa contre un arbre. »

« Que deviennent-ils, James et Albus ? »

La question passerait peut-être pour être surprenante, elle ne l’était pas tellement. James et elle n’avaient que quelques mois d’écart, et Albus n’était pas beaucoup plus âgé ; ils avaient fréquenté la même école, connu les mêmes professeurs, défendu les mêmes couleurs, supporté la même équipe de quidditch, vécu dans la même salle commune, et Éléane ne leur avait jamais porté aucune forme d’animosité, pas plus qu’à l’égard de leur jeune sœur, d’ailleurs. Et puis, ce sujet lui éviterait de devoir revenir sur les propos que Lily avait tenus à propos de Jacob. Elle avait conscience que, peut-être, elle aurait dû avoir une parole gentille ou compatissante – car elle la comprenait et compatissait, mais elle n’était vraiment pas sûre de savoir comment s’y prendre. Elle n’était pas assez à l’aise avec cela, pas encore. Cela viendrait, peut-être, si, comme le suggérait l’ancienne Gryffondor, elles devenaient vraiment amies… et si elle parvenait à ravaler sa fierté, ce qui était déjà beaucoup moins évident. En attendant, elle espérait que son silence n’offusquerait pas son ancienne camarade de maison bien que, sans savoir pourquoi, sa franchise et sa sincérité lui donnaient le sentiment qu’elle saurait également se montrer compréhensive et réfléchie. Elle espérait ne pas se tromper. Et après tout, le silence n’était-il pas une forme de respect ? Rien ne l’énervait plus que les ceux qui s’écoutaient parler sans jamais laisser le loisir aux autres de s’exprimer. Si Lily voulait parler, elle ne se sentirait ainsi que plus libre de le faire. Cela ne pouvait-il justifier son mutisme ?

Non, peut-être pas. Ou peut-être que si, après tout. Elle ne savait pas trop. Elle avait mis de nombreuses années à comprendre les codes des familles « normales », de celles qui ne s’étaient pas encombrées d’étiquettes de conduite pour élever leurs enfants et dicter leur vie en société, mais étudier la politique n’avait pas plus été un bon exercice en la matière que vivre avec Matthias ; et elle éprouvait encore de nombreuses difficultés à les appréhender. Aussi, scruta-t-elle les traits de l’étudiante dans l’espoir d’y déceler sa pensée et, le cas échéant, d’adapter son discours.

Enfin, elle s’apaisa. Elle aussi, au fond, sans trop comprendre pourquoi, faisait confiance à Lily. Nul doute qu’elle comprendrait ; elle se posait beaucoup trop de questions. Tout arrivait naturellement, il n’était nul autre besoin que celui de profiter de l’air du soir, nul besoin de compliquer. Ce pensant, elle leva la tête vers les cimes vertes et observa, entre leurs branchages, scintiller le firmament. Il y avait un moment qu’elle n’avait plus passé aussi agréable soirée, et elle en appréciait chaque instant.
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