Nom : Dragonneau ; Prénom Jacob ; Âge : 24 ans ; Date de naissance: 1er juin 2005; Années d'études : Abandon de l'université ; Pureté de sang Pur; Baguette magique Sa baguette mesure 25 centimètre, elle est faites en bois de cyprès et elle contient un cheveux de sirène;

Longtemps rongé par une ambition dévorante, rêvant de diriger le monde, Jacob devait finalement comprendre qu'il voulait simplement être aimé.

S'il a pu entretenir ces chimères de pouvoir dans son esprit, c'est parce qu'il est intelligent, malin, et leader malgré lui. Lorsqu'il parle, on l'écoute. Ses réflexions souvent sensées forcent le respect d'autrui; même quand il était à la tête de l'Inquisition, il cherchait le plus souvent la voie de l'apaisement. Pour autant, il n'est pas idéaliste, mais volontiers cynique, ce qui se traduit par un pragmatisme qui paraît pour certain un peu froid et inhumain.

C'est, enfin, quelqu'un qui sait manier la parole pour convaincre, ce qui lui est fort utile dans son métier de commerçant.

Par ailleurs, comme tout le monde, il a ses défauts. On remarquera donc qu'il est impatient et impulsif, ce qui lui a fait faire des erreurs incroyables parfois. Il préférerait sans doute vous dire qu'il a moins d'impulsivité que du courage, et il est vrai qu'il ne manque ni de l'un, ni de l'autre; ce qui le rapproche davantage, au fond, d'un intrépide imprudent.

Egalement, on notera chez lui une nature égoïste: entendez par là qu'il s'occupe exclusivement de lui-même et de ceux qu'ils aiment. Il se mêlera des affaires des autres seulement si cela l'arrange.

Jacob est donc une nature tout simplement complexe auquel il vaut mieux ne pas se frotter sans être bien armé.

Grand, costaud et droit diront au premier regard ceux qui croiseront Jacob. Cette allure générale imposante alliée à une nature téméraire l'a probablement sauvé plus d'une fois à une époque où certains complotaient pour sa perte: sans doute ont-ils préféré battre en retraite ou abandonner leur sordide projet.

Son menton allongé exprime une certaine détermination que soulignent souvent ses yeux verts. Ses traits, quand ils n'expriment pas une certaine lassitude pessimiste montrent une résolution qu'il est difficile de contrer. Tout en lui exprime un sérieux intraitable, du moins lorsqu'il travaille.

Souvent, il arbore une barbe de quelques jours, ce qui fait partie du personnage qu'il incarne, si l'on veut. En effet , il n'est pas rare pour lui de s'aventurer dans des lieux dangereux, et ce look aventurier a tout pour rassurer le client fébrile. Car le client fébrile est un crétin qui espère voir son commerçant souffrir suffisamment pour mériter sa paie, vous comprenez ?

En ces quelques mots simples, voici, espérons-le, un portrait suffisamment ressemblant, et suffisamment flou pour qu'on le pense ressemblant.

Novembre 2029
Pris dans des rêveries solitaires, remontant le fleuve de ses pensées écarlates, Jacob marchait le long du mur d'un château en Transylvanie. Un bandeau blanc sur les yeux, il suivait un homme tout de noir vêtu, les canines brillantes sorties et une femme aux cheveux gris, avec le visage d'une jeune fille de vingt ans. Elle lui prit la main lorsqu'ils passèrent une porte dévorée par la rouille et la mousse et ensuite, après avoir traversé trois salles obscures, froides et humides, elle le fit asseoir face à une cheminée. L'homme y fit partir un feu crépitant d'un geste sûr grâce à sa baguette magique.

- Vous avez promis d'apporter l'objet aujourd'hui...

Et il arracha le bandeau de la tête de Jacob qui ne se laissa pas démonter.

- La marchandise est en route, il faut être patient, monsieur.
- On ne m'a jamais rien dit sur vous, à croire que personne ne vous connais dans le milieu, intervint la femme. C'est pas bon signe.
- Je sais rester discret.
- Ah bon, monsieur Kacew ? Ou ne devrais-je pas plutôt vous appeler monsieur Dragonneau, héritier direct de la couronne, usurpé par sa jeune sœur, Artémis ?

Cette fois, perdant de son assurance, le jeune homme haussa les épaules, en quête d'une réplique cinglante, mais rien, il ne lui venait rien à l'esprit.

- Vous, dit la femme, pensiez réellement que tous pouvaient oublier la tête du prince ?
- Je me demande justement comment vous avez pu me reconnaître malgré ma métamorphose...
- Quelle métamorphose ? questionna brutalement l'homme en croquant dans une pomme verte.

Il ne comprenait pas.
Il avait fui. Il avait pris une potion qui devait changer son apparence à jamais, à moins que... à moins que par le plus malheureux des miracles, il ait retrouvé son ancienne enveloppe charnelle. Sauf que... non, non, c'était impossible !
Tandis que les deux autres discutaient d'une éventuelle demande de rançon, Jacob cogitait, imaginait attaquer les deux acheteurs potentiels mais une part de lui-même le décourageait. Depuis qu'il s'était exilé, il avait aimé affronter mille danger en esquissant quelques pas de trois avec la mort, mais soudain c'est comme s'il avait peur.

Les deux kidnappeurs improvisés finirent par conclure qu'une demande de rançon ne mènerait probablement à rien. Après tout, Artémis Ière du nom n'avait pas intérêt à voir revenir son frère rôder autour de son trône. Bien sûr, à la limite ils pouvaient proposer à la reine, moyennant une forte somme, de se débarrasser de Jacob d'une manière définitive. Mais ni l'homme à canines acérées, ni la femme aux cheveux gris ne se sentaient capable de tuer de sang-froid.
Il restait, en définitive, des questionnements au bout de leurs lèvres.

- Pourquoi n'as-tu pas pris le trône après la mort d'Helios, ton père ? demanda la femme.
- Parce que mon père ne l’aurait pas voulu.
- Tu sembles bien zélé, dis l'homme. Qu'est-ce que ça pouvait lui foutre que tu montes sur le trône après sa mort, hein ?
- Il aurait fait... des révélations publiques de mon secret dans le journal si jamais je montais sur le trône. C'était dans son testament. Et quel secret ? allez-vous me demander: je suis un loup-garou.

2011

Helios Dragonneau, issu d'une vieille famille de sang pur très puissante, avait été mangemort durant la guerre de 1998 au cours de laquelle son camp perdit.
Après avoir expié une peine de 3 ans à Nurmengard, cet homme n'avait pas perdu de son influence. C'est donc presque naturellement qu'il accéda au poste de ministre du département des sports et jeux magiques. Mais quand la population sorcière apprit sa nomination, elle gronda sa colère. Comment ? Ce salaud pouvait donc de nouveau accéder à l'oligarchie sans subir les conséquences de son passé criminel ?
Si plusieurs hurlèrent leur indignation sans agir, ce ne fut pas le cas de deux lycanthropes de sang impurs qui décidèrent d'agir une nuit de pleine lune en juillet.
Sous forme de loup, ils attaquèrent le manoir des Dragonneau.
Dès qu'il subodora le danger, Helios réveilla son épouse et ses enfants, Jacob, Artémis et Philip pour qu'ils fuient. Lui-même se préparait à défendre sa famille à l'aide de ses grands pouvoirs magiques. On pouvait au moins reconnaître à cet homme son courage.

Alors.
Peut-être n'auraient-ils pas dû sortir. Mais doit-on rester à l'intérieur d'une maison qui abrite un monstre quand on ignore qu'un autre attend à la porte ?
Jacob n'avait que six ans et il menait son frère et sa sœur avec vaillance à l'extérieur, bien qu'avec une certaine inconscience également. Il ne comprenait pas vraiment le drame qui se déroulait sous ses yeux. Il savait simplement que son père qu'il admirait plus que tout lui avait dit qu'il y avait danger, qu'il devait emmener Artémis et Phillip loin de là, dans un lieu sûr.

La suite, on la connait, on s'en doute, on ne voudrait pas la lire.
Dès qu'il arriva à l'extérieur, une grande créature fondit sur les trois enfants avec cruauté. L'aînée des trois poussa les deux autres sur le bas-côté et, avant qu'il n'ait pu faire quoique ce soit, il se fit mordre par le loup-garou au bras gauche. Son cri se perdit dans la nuit d'encre et Helios accourut.
Apeuré.
Il lança un sortilège de mort sur le monstre, puis se pencha sur son fils, la chair de sa chair, le pensant mort. Il pleurait presque jusqu'à ce qu'il perçoive le souffle quasi imperceptible de ce héros de six ans qui avait sombré dans l'inconscience en s'évanouissant tant il avait mal.
Alors, il lui prodigua tous les soins possibles et imaginables.
Mais tout avait changé, à présent.

Helios eut beau chercher des remèdes, même les plus farfelus, jamais Jacob ne pourrait oublier sa part lycanthrope. Il était condamné à vivre avec cette bestialité réveillé à chaque nuit de pleine lune. Et cette malédiction serait éternelle.
Il avait beau aimer ce fils comme seul un père peut aimer son fils, il savait qu'il ne le traiterait plus jamais de la même façon.


Novembre 2029
L'homme aux fortes canines montra assez peu d'empathie pour Jacob en apprenant cette histoire de loup-garou. En revanche, lui comme la femme montrait beaucoup d'élans curieux. D'une part, ils commencèrent par détacher Jacob, le faisant passer du statut de prisonnier et celui d'hôte. Ensuite, ils l'emmenèrent dans la salle à manger où ils se servirent trois tasses de café infect, avec un arrière-goût de mazout pensa Jacob.
Ils grimaçaient tous trois en buvant, sans oser avouer qu'ils n'aimaient pas le café. La femme fini la première et rapprocha sa tête de celle de Jacob.

- Mais, dites-moi, cette affaire de lycanthropie, ça a dut probablement vous faire perdre votre statue d'aîné de la famille, non ?
- Je ne suis pas l'aîné, je suis le premier garçon de la famille Dragonneau...
- Aucune importance, Helios n'a jamais caché sa misogynie: comme si une fille ne pouvait pas remplir les devoirs d'une aînée aussi bien qu'un garçon...
- Bon, en tout cas, il est clair que j'ai beaucoup perdu, cette fameuse nuit...
- Tu regrettes d'avoir sauvé ton frère et ta sœur ?
- Non, bien sûr que non... Mais j'ai tout perdu... Pire, je n'ai pas compris avant mes dix-sept ans que j'avais tout perdu... Toute ma scolarité a été une suite d'espérances acharnées.

Scolarité de Jacob
Résumer la scolarité de Jacob en deux mots ne sera guère aisé. Non pas qu'il ait radicalement changé en sept ans d'un point de vue strictement morale.
Le mieux pour décrire l'élève Jacob, c'est de rappeler son zèle: pour le travail scolaire, pour les points de sa maison, pour entretenir l'honneur de sa famille de sang-pur. Et tout ça, tout ça pourquoi ? Pour rendre fier son père, pardi ! Hélas, comme on s'en doute, cette fierté ne pouvait jamais être totale, du fait que ce fils n'était qu'à moitié humain... D'ailleurs, à Poudlard, personne ne savait en dehors de la directrice que Jacob était loup-garou, et celle-ci se chargeait de lui rappeler les soirs de pleine lune de prendre sa potion tue-loup.
En ces temps de paix, Jacob ne saisissait pas tout le bonheur qu'il avait de grandir dans une société au parfum égalitaire et démocratique.

Tout bascula lorsque Maximilian St-Clare fut élu ministre de la magie. Cet homme avait des ambitions dictatoriales pro sang-pur mais était aussi très malin. Il bouleversa par quelques réformes le monde magique mais laissa le soin à une amie, Eleanor Branstone, fraîchement nommée au poste de directrice de Poudlard pour instaurer un nouveau monde par la nouvelle génération.
En ces lieux, on distingua les élèves par leur sang. Une police d'élèves fut créée pour faire respecter la dictature que les langues affûtée surnommèrent l'inquisition ; tout naturellement, Jacob fut nommé à sa tête grâce à son père qui fit pression pour.
Enfin, se disait-il, enfin il était reconnu par son père et par tous. Il pouvait enfin avoir une ambition à la mesure de ses résultats scolaires, et peut-être un jour gouvernerait-il ce pays !
Au lieu de la gloire et des honneurs qu'il recherchait dans son poste de leader, Jacob ne trouva que des divisions internes au sein de son effectif, chacun souhaitant tirer avantage à la situation. Des types comme Zéphyr tentèrent même de l'assassiner.
Avec du recul, Jacob devait comprendre à quel point il était pleins d'illusions néfastes à cet âge. Il avait pour son père une admiration respectueuse qui l'empêchait de voir toute la bêtise qui résidait dans la vision d'un monde où les sangs purs seraient rois.
Pourtant, il n'aurait jamais dit pour autant qu'il regrettait ce qu'il avait fait: tout d'abord parce qu'il ne se sentait pas coupable, et ensuite parce que sans cela, il n'aurait jamais fait la connaissance de Lily Potter. Jeune fille des Potter, des ennemis mortels des Dragonneau: fallait-il en dire plus ?
Peut-être...
Un soir, lors d'une patrouille, Jacob et sa troupe tombèrent sur une autre, menée par Zéphyr. Ce dernier tenta d'abuser de Lily avec ses sbires mais en fut empêché par Jacob. On pourrait penser que c'était un pur acte de bonté, qu'il avait peut-être compris que son esprit étriqué était sur la mauvaise voie et que c'était la raison pour laquelle il avait décidé de sauver une ennemie héréditaire. Sauf que ce serait oublier l'esprit pragmatique du jeune homme. Il résumé en 3 points la raison d'un tel sauvetage:
1. Martyrisé la population d'élèves de basse classe risquait de provoquer des révoltes incontrôlable - ce qui d'ailleurs arriva.
2. Qu'une personne mérite d'être punie, soit, mais elle méritait un procès équitable de la directrice et non un viol.
3. Zéphyr était un salopard.

Ce sauvetage lia Jacob et Lily d'une amitié compliqué et ambigu, surtout lorsque celle-ci finit par découvrir sa nature lycanthrope.

La guerre continuait. Poudlard tomba aux mains de l'Ordre du Phénix au moment où Jacob finissait ses études en cet endroit prestigieux. Il se sentait de moins en moins concerné par tout cela, sans doute en raison de doutes grandissants quant à l'amour paternel auquel il avait droit. Il voyait bien tout à coup qu'il ne serait jamais qu'une demi-réussite aux yeux de son père.
Ayant à peine commencé l'Université dans la filière politique, il décida de rallier l'Ordre du Phénix et pour ce faire décida de faire appel à Lily.
Malgré l'assurance bienveillante de Lily, Jacob se heurta à la méfiance et au mépris de ses anciens ennemis. Il se rendit compte qu'il n'était qu'un déchet de l'Anneau de Jade pour eux.
Ce fut dur, mais il songea qu'il fallait se faire oublier quelques temps.


Novembre 2029
- Je décidais alors, conclut Jacob, de changer complètement d'apparence, avec l'aide d'un apothicaire qui me fournit une potion qui devait me métamorphoser à jamais.
- Sauf que la potion ne devait pas être d'excellente qualité, remarqua la femme, puisque vous êtes de nouveau vous-même...
- Oui, sans doute, mais quelque part, ça me rassure. Il est temps de rentrer, je pense. Bientôt, ça fera cinq ans que je sillonne le monde, recherchant des objets rares parfois dans des endroits dangereux... j'ai déjà dut me battre avec une dizaine de momies dans les pyramides et j'ai failli mourir cette nuit-là... Tout ça pour revendre une bête couronne au pouvoir de jeunesse prolongé.
- Vous voulez dire que vous allez arrêter d'être commerçant ?
- Je n'ai pas dit ça... Non, non, j'aime ce que je fais. Mais j'ai besoin d'un peu de stabilité. Et il faut surtout que je revois quelqu'un, quelqu'un à qui je n'ai même pas dit au revoir et qui me hait peut-être à l'heure actuelle.

Décembre 2029

Noël approchait à grands pas et Lily commençait à comprendre que ses mauvaises habitudes devraient être impérativement éradiquées pour le Noël prochain. En dix-neuf ans de vie, depuis qu’elle avait l’âge de ne plus se faire surprendre par le temps pour des cas tels que cette fête de décembre, elle a toujours été incapable de prévoir et de s’y prendre à l’avance, se retrouvant comme aujourd’hui emmitouflée dans la cape de ses dix-sept ans pour braver le froid de cette hiver qui ne pardonnait pas. Elle n’était plus la petite fille de douze ans que certains adultes qui la croisaient et qui la reconnaissaient, avaient connu comme, peut-être, courageuse, mais peu crédible devant son visage d’enfant. Elle saluait d’un sourire quelques connaissances de son père qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer, n’en avait pas oublier sa passion du Quidditch et admirait les sans cesse évolutions des balais. La boutique de son oncle connaissait toujours autant de succès et c’est sans surprises que la même queue habituelle à l’approche des fêtes dépassait du trottoir sur le Chemin de Traverse. Ce chemin qu’elle appréciait tant.


Il lui avait fallu presque cinq ans pour revenir à Londres. Pourtant, la guerre était finie depuis longtemps déjà, mais Jacob n’avait pas pu se résoudre à un retour trop prompt. Plus rien ne le rattachait à cette Angleterre qui pansait ses blessures, une fois de plus. Plus rien en oubliant Lily, évidemment.
Et c’était avec la pensée de cette jeune fille devenue femme qu’il n’avait pas vu depuis son exil qu’il accepta un contrat à Londres, du côté sorcier. Il avait la ferme intention de la revoir. D’abord, il donnerait une relique maya qui détenait un puissant pouvoir de guérison à un client, suite à quoi il rendrait visite à Lily. Aux Potter.
On était en décembre 2029. Bientôt Noël. Sans éprouver d’émotion particulière, Jacob marcha, pour la première fois depuis une éternité à travers la foule opaque, satisfait d’être cet anonyme à qui on ne prête aucune attention. Il se rendit au Chaudron Baveur où il négocia une chambre, la dernière qui restait en ces temps de réjouissance.
Après une nuit calme et sans histoire, Jacob décida de flâner une partie de la matinée dans les boutiques du chemin de traverse. Il aurait pu, bien sûr, profiter du temps imparti pour revoir Lily, mais il préférait de loin s’occuper de ses affaires commerciales avant tout. Il n’aurait plus la tête à la vente après avoir revu Lily.
En errant tel un spectre, ses pieds atterrirent finalement devant la boutique des jumeaux Weasley. Dernier endroit où il avait vu Lily. Dernier endroit qu’il avait vu avant de s’exiler.
Et, ironie du sort, premier endroit où il croisa Lily Potter.


Son corps se figea. Ses membres s’engourdirent et son esprit ne semblait plus en mesure de penser. Ses prunelles semblèrent se perdre au milieu de la foule mais elles fixaient cependant un point bien précis. Sa main s’était durcie dans la poche de sa cape d’où elle cherchait à en tirer quelques gallions pour un passage au Trois Balais tandis qu’un nœud se formait lentement au creux de sa gorge. Sa poitrine avait sursauté de surprise, son cœur paraissait prendre un coup de poignard. Son estomac se noua. Elle eut envie de s’écarter du chemin, de disparaître de sa vue mais l’envie de croiser son regard était plus forte que tout. Malgré l’abandon, malgré le silence et l’incompréhension, malgré le doute, malgré les divergences et les opinions, malgré toutes les questions sans réponses et celles informulées, il se tenait enfin là. Combien de mètres les séparaient ? Peut-être cent ? Peut-être moins ? Le voyait-elle aussi loin que dans ses souvenirs ? Son corps n’arrivait pas à se détendre. Elle avait vécu le pire schéma d’un premier amour et lui, il semblait simplement fixer l’enseigne Weasley comme plongé dans ses méandres.
Et il pivota son visage.
Jacob Dragonneau avait alors plongé ses iris dans ceux de Lily Potter.

Jacob avait rejoué encore et encore, pendant tout ce temps, pendant toutes ces années, cette scène de retrouvaille avec minutie. Il s'était préparé à toute éventualité, aux dialogues les plus agréables comme les plus houleux ; mieux, il avait écrit une centaine de tirades pour son retour, dans le ton le plus drolatique ou le plus sérieux selon les circonstances. Et depuis quelques jours qu'il passait en revue ses mots, ces mots avec leur portée et leur signification. Mais maintenant qu'il se trouvait face à Elle, il ne se souvenait de rien, et c'est comme s'il se réveillait d'un vieux songe, d'un charmant cauchemar. Il renaissait.
Toute l'ironie du monde se trouvait dans cet endroit, lieu de leurs adieux factices et lieu de leurs retrouvailles sans grandiose.
Jacob regardait Lily dans les yeux et Lily regardait Jacob dans les yeux. Quelles pensées inextricables pouvaient la parcourir à cet instant précis où leur regard s’accordait pour la première fois depuis une éternité ?
Alors, il s'approcha, ignorant la foule et les gens qui la composent, et attrapa la main de celle qu'il aimait, avec une telle douceur qu'un  observateur inattentif aurait pu n'y prêter aucune attention.
Puis, sans arrêter de la fixer, Jacob dit:

- Je suis revenue pour toi.


Le monde entier aurait pu trouver ces mots si faciles à prononcer, si simple à faire croire. Le monde entier sauf Lily. Les milliers d’interrogations qui lui restaient sans réponse depuis des mois surgirent à nouveau, les prunelles de Jacob l’hypnotisant comme au premier jour. Ce rêve qu’elle avait si souvent fait se déroulait à présent sous l’ignorance des passants, une bulle enveloppant les deux jeunes gens dont les sentiments s’échappaient au travers de leurs mots et de leurs regards. Ce qui avait été un soupçon pour certains se confirmait aux yeux de la population londonienne entière à l’endroit exact où ils s’étaient quittés. Le contact que Jacob imposa sur sa main l’enfonça un peu plus dans ses rêveries mais la chaleur humaine qui traversa son corps lui fit savoir que sa vie était en train de se tracer. Un peu hésitante, Lily laissa échapper son désir de le toucher sous tous les pores de sa peau en resserrant l’étreinte autour des doigts du jeune homme. Les yeux qu’elle avait abaissés sur leurs mains unies replongèrent dans ceux de Jacob qui lui fit part de son envie la plus secrète. Pour elle, avait-il dit. Il était revenu pour elle. Et rien que ces paroles suffirent à oublier la rancœur de l’abandon. Sa voix loupa un son sous le coup de l’émotion, dérailla même devant l’ampleur de ce qu’elle ressentait.

« Où étais-tu ? »


Lui-même avait peur de défaillir en entendant cette voix, la voix de Lily, sous le coup de l'émotion et dont il devinait filigrané toute sa force de caractère.
Il lui sourit doucement après qu'elle lui ait demandé où il avait été. Cette question, bien sûr, il s'y était attendu. Peut-être dans son imagination l'avait-il inscrit plus tard dans la conversation, mais elle était inévitable.

- J'ai été partout, sauf au Royaume-Uni, sauf auprès de toi, lui confia Jacob.

Devait-il s'épancher davantage sur les raisons qui l'avait pousser à s'exiler sans le moindre contact avec elle depuis son départ précipité ? Evidemment. Il le ferait. Mais pour l'heure, il n'y pensait pas, il ne préparait plus rien, il savait juste qu'il était là face à elle. Il la dévorait des yeux, comblant un appétit qui avait duré cinq ans.
Et soudain, il eut peur. Peur parce qu'elle était sublime et qu'il n'était pas le seul à le voir, peur parce qu'il était sûr tout à coup qu'elle avait pu jeter son dévolu sur un autre, peur qu'elle puisse être heureuse mais avec un autre.
Alors, il l'amena sur la grève du trottoir, là où la marée de passant est moins forte et dit:

- Je suis revenu pour construire quelque chose, maintenant que le monde sorcier est plus calme et que je suis moi-même apaisé.

Tout avait changé, sauf peut-être les sentiments qu'il portait pour elle. Jacob se considérait à présent comme sans nom ni blason, mais pouvait tout de même percevoir l'ironie qu'il pouvait y avoir dans son amour. Lui, un Dragonneau; elle, une Potter. Il l'avait quitté jeune fille et il la trouvait femme.


Sauf au Royaume-Uni, bien évidemment. Lily avait même fini à cette époque par cesser de compter les jours qu’elle avait passé à la recherche de Jacob, chaque jour qui s’étaient écoulés sans le savoir à quelques mètres d’elle. Elle en avait été épuisée. S’en était sentie abandonnée. Et aujourd’hui, il lui annonçait qu’il voulait construire quelque chose. Encore une fois cette facilité déconcertante dans les mots de ce garçon devenu un homme. Ils avaient bien grandi depuis leur dernière discussion. Bien appris. La situation actuelle ne pouvait que démontrer l’impact de cinq années de silence. Cinq années d’aveuglement, de mensonge à soi-même. Quelle femme pouvait aujourd’hui dire, à presque vingt ans, qu’elle se réservait pour un seul homme, pour celui qu’on disait être le bon, en faisant croire qu’il n’était pas encore arrivé alors qu’un seul prénom résonnait dans votre esprit chaque jour ? Quelle femme, sauf Lily ?
La foule s’était désépaissi après qu’il l’ai emmené quelques mètres plus loin. La bulle qu’ils avaient construite au premier regard, se resserrait petit à petit, n’entendant rien de plus que la voix de l’autre et ne pouvant rien voir de plus que le visage de l’autre. Sa présence la submergeait de bonheur. Elle en avait été déconcertée, secouée, surprise et même abasourdie mais elle ne s’était jamais sentie aussi apaisée qu’à ce jour. Elle comprenait. Elle ne se forçait plus à comprendre, elle avait enfin saisi. Pourquoi il était parti, pourquoi il lui avait fait croire que rien n’avait jamais eu d’importance. Il était parti en garçon perdu, il revenait en homme sûr de soi. Il semblait avoir retrouver ses repères et savoir enfin où poser ses bagages.

Après quelques minutes de silence, de regards pleins de mots échangés, un sourire vint retrousser les lèvres de la jeune femme, timidement, sa main allant tendrement se plonger dans les mèches rebelles de cette chevelure masculine tandis que sa voix reprenait de son assurance et que son regard devenait plus doux qu’égaré.

« Dis moi juste que tu n’as pas souffert d’une quelconque manière pendant tout ce temps et ça m’ira. »


La tournure de cette rencontre prenait des allures de rêves éveillés. A présent, l'un comme l'autre se comprenaient à demi-mot. Il y avait mystérieusement en ces instants de fugacité une harmonie entre le cœur et l'esprit.
Jacob savoura cette main qui lui parcourait les cheveux, et surtout cette préoccupation que Lily pouvait avoir pour lui, après tout ce temps. Avait-il souffert ? Bien sûr, et plus que de raison. Mais il ne concevait pas le moindre regret pour son exil, même si cela avait impliqué de ne plus la voir elle.

- Je n'ai jamais souffert pendant ces cinq ans, assura-t-il, ou sinon seulement d'un certain éloignement qui aujourd'hui a disparu.

Les deux jeunes gens se perdirent dans les dédales de leurs conversations et dans les petites ruelles. Ils passèrent la journée ensemble, veillant tard sous le ciel étoilé, sous un toit où quelques chats de gouttières feulaient mécaniquement une rage étouffée.
Puis les jours, les semaines et les mois passèrent invariablement avec Jacob et Lily, ou Lily et Jacob qui reprenaient le cours d'eau de leur relation là où elle n'avait même pas encore commencée.
Ils avaient atteint quelque chose. Peut-être que cela s'appelait le bonheur; en tout cas ce n'était pas désagréable.